Les tribunes

Titre Les tribunes
Africa 2020 : Création artistique, numérique et politique dans les pays africains anglophones  Par Fanny Roblès

Africa 2020 : Création artistique, numérique et politique dans les pays africains anglophones 

Par Fanny Roblès

Africa 2020 : Création artistique, numérique et politique dans les pays africains anglophones  Par Fanny Roblès

Fanny Robles est maîtresse de conférences en cultures des mondes anglophones. Spécialiste des spectacles coloniaux et de leur questionnement dans la performance contemporaine, elle a coordonné le dernier numéro de la revue e-Rea, consacré à la création contemporaine dans les pays africains anglophones. Cette revue en ligne du Laboratoire d’Études et de Recherche sur le Monde Anglophone (Aix-Marseille Université), créée en 2003, publie des articles consacrés aux études anglophones. Chaque numéro comporte un ou plusieurs dossiers thématiques, des articles hors thème, des grands entretiens, et des recensions d’ouvrages.

À partir d’une définition large du concept de « création » empruntée au philosophe Achille Mbembe, le double numéro « Africa 2020 : Artistic, Digital and Political Creation in English-Speaking African Countries » met à profit la dernière saison culturelle (décalée en raison de la pandémie) pour proposer des perspectives scientifiques et artistiques sur la création africaine contemporaine. Le numéro a pour couverture le tableau The Twilight Moment in the Wake of a Dream, d’Obi Okigbo, fille du célèbre poète nigérian Christopher Okigbo. 

Le premier volet est une série d’articles scientifiques, qui s’ouvre sur l’étude d’Aurélie Journo (Université Sorbonne Paris Nord) au sujet des réseaux littéraires africains à l’ère du numérique : elle s’attache au rôle des réseaux sociaux et des blogs dans la diffusion de la production contemporaine, au Nigeria, au Kenya et en Afrique du Sud, entre autres. 

Quant à Manuel Jojo Manu-Osafo (University of Ghana), Enoch Lamptey (Bristol Community College) et Kofi Takyi Asante (University of Ghana), ils s’intéressent à la création politique en explorant la façon dont le Ghana a célébré les cinquantième et soixantième anniversaires de son indépendance, proposant pour cela une analyse qualitative et quantitative. 

Vient ensuite une étude de cas richement documentée de Stacey Kennedy (University of Birmingham), qui, forte d’un long stage à Art X Lagos, rend compte de l’importance de ce lieu d’exposition de l’art contemporain africain. Avec la Biennale, il participe à la consolidation de Lagos comme capitale artistique régionale, continentale et mondiale.  

Tayler Friar (University of Cape Town) propose une étude des productions visuelles des sud-africaines Tracey Rose et Lady Skollie, qui interrogent la figure de Sara (Saartje) Baartman dans la construction historique et la réappropriation du corps noir féminin érotisé.

Ce volet se clôt sur les descriptions détaillées et illustrées de Sarah Davies Cordova (University of Wisconsin-Milwaukee/University of Johannesburg) qui retrace le parcours politique et artistique de la danseuse Mamela Nyamza, et interroge les structures culturelles sud-africaines.

Le deuxième volet comprend des interviews d’artistes sud-africain.e.s qui se sont produit.e.s au Festival de Marseille entre 2014 et 2019. Venu.e.s de champs disciplinaires divers, ces artistes illustrent la volonté du Festival (en particulier sous la direction de Jan Goossens) de renforcer ses liens avec la création contemporaine du continent dans toute sa multiplicité. Sont présent.e.s le dramaturge Brett Bailey, la chanteuse Hlengiwe Lushaba, le danseur Smangaliso Ngwenya (alors membre de la troupe de Gregory Maqoma), le musicien Sbusiso Shozi et Kopano Maroga, artiste non-binaire qui s’exprime dans la performance et la poésie.  

Le numéro comporte également deux Grands Entretiens avec des « passeurs » importants des littératures africaines et caribéennes en France : Christiane Fioupou, traductrice de Wole Soyinka, Niyi Osundare et Christopher Okigbo, qui revient sur son parcours d’enseignante-chercheuse à Ouagadougou et à Toulouse, et Jean-Pierre Durix, pionnier des littératures postcoloniales en France, traducteur notamment de Wilson Harris et Albert Wendt.