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Titre : Humans Zoos. Science and spectacle in the Age of colonial empires

Auteur : Blanchard Pascal, Bancel Nicolas, Boëtsch Gilles, Deroo Eric, Lemaire Sandrine et Forsdick Charles. Traduction de Teresa Bridgeman

Editeur/partenaire : Liverpool University Press (avec Groupe de recherche Achac et le GDR 2322 du CNRS)


Texte :

Au XIXe et dans la première partie du XXe siècle, les « zoos humains », symboles oubliés d’une recomposition du monde et de l’époque coloniale, ont été totalement oubliés dans nos mémoires collectives. Ces exhibitions de l’exotique constituent pourtant le passage progressif en Occident d’un racisme scientifique à un racisme populaire qui touchera des dizaines de millions de spectateurs de Paris à Hambourg, de Londres à New York, de Varsovie à Milan, de Tokyo à Barcelone. Des freaks shows de Barnum aux Etats-Unis aux ethnics shows d’Hagenbeck partant d’Allemagne pour les plus grandes capitales européennes, en passant par les villages noirs à la française ou les grandes expositions universelles et coloniales au Japon ou en Europe, l’Occident a inventé le « sauvage », a exhibé les « peuples du monde », en même temps qu’ils les colonisaient. Ce premier contact de masse entre Nous et Eux, entre l’Occident et l’Ailleurs, a créé une frontière invisible. Légitimées au début par la science et les savants, ces exhibitions anthropozoologiques constituent la preuve évidente du décalage entre discours et pratique au temps de l’édification des empires coloniaux. Au moment de leur disparition progressive (dans les années 30), on voit émerger de nouvelles formes d’exhibitions. Certains distinguent ces exhibitions de celles du XIXe siècle ou de l’histoire de la célèbre Vénus Hottentote, D’autres considèrent que c’est le regard qui fabrique le « sauvage ». En tout état de cause, de 1810 à 1940, C’est un phénomène majeur et mondialisé qui semble s’affirmer en « Occident ». En outre, ce livre ne porte pas une « thèse », puisque les communications proposent des approches très diverses. Il propose juste un cadre global d’analyse et d’étude pour circonscrire le processus des « zoos humains ». Ce n’est pas un pamphlet uniforme, bien au contraire. Pour nous, le processus colonial est double. Il comporte à la fois l’étude de la colonisation dans les pays colonisés, et les répercussions de l’expansion impériale au sein des métropoles. C’est un processus dialectique : l’une ne peut être comprise sans l’autre.

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