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Au début du XX<sup>e</sup> siècle, malgré des appréciations favorables sur leur engagement au combat, consolidée, depuis 1872, par la formation d’officiers à Saint-Cyr, les unités de tirailleurs indochinoises restent victimes d’un manque de confiance de la part des autorités militaires et des responsables politiques français. L’implication de certains d’entre eux dans le « complot des empoisonneurs » à Hanoï en 1908 — où des tirailleurs mêlent du poison au repas de leurs officiers français — conduit les autorités coloniales à s’en méfier. En Chine, la révolte des Boxers, et le siège des légations à Pékin, renforce l’inquiétude permanente face à un conflit opposant l’Asie et l’Europe. Les imaginaires en Occident autour du Péril jaune vont alors avoir un impact indirect sur le recrutement et l’utilisation des unités indochinoises, perçues comme potentiellement dangereuses et capables de trahir les autorités coloniales françaises. Les résistances sont peu à peu brisées à la veille de la Grande Guerre et le nombre de formations militaires composées d’indigènes s’accroît.