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Titre : « Ne pas transformer une mémoire en vérité historique »

Auteur : Bancel Nicolas

Editeur/partenaire : Nouvel observateur


Texte :

La Ligue des Droits de l’Homme a dénoncé la nomination au sein de la Commission d’indemnisation des rapatriés d’Algérie d’un ancien membre de l’OAS, Athanase Georgopoulos. Partagez-vous cette indignation ?

Nicolas Bancel : Il est délicat de nommer dans cette commission un ancien activiste qui a coordonné l’action de l’OAS —une organisation qui a posé des bombes— et qui n’a jamais caché la continuité de son opinion. Cela peut légitimement soulever un questionnement. Sur le plan juridique, une personne amnistiée n’a plus à répondre des faits passés. On ne peut lui retirer ce droit. Mais sur le plan politique, cette nomination me semble vraiment malhabile. C’est d’autant plus vrai dans les circonstances actuelles, où l’émotion est très vive et où l’on connaît une radicalisation des mémoires concurrentes. On semblait se diriger vers une position plus consensuelle avec le déclassement de l’article 4 de la loi du 23 février 2005. La nomination d’Athanase Georgopoulos risque d’enflammer à nouveau les passions.