|
|
"Saint Omer, d'Alice Diop"
par Olivier Barlet
|
|
En 2022, la documentariste Alice Diop réalise son premier long métrage de fiction intitulé Saint Omer, produit par la société SRAB Films. Distingué du Lion d’argent – Grand prix du jury à la Mostra de Venise 2022, le film retrace l’histoire réelle de Fabienne Kabou (nommée Laurence Coly dans le film) qui avait abandonné sa fille de 15 mois sur une plage de Berck-sur-Mer, en 2013. Le scénario relate le procès de cette mère, jugée pour la noyade de son enfant, à travers le prisme d’une romancière, Rama, qui verra changer ses certitudes sur le rapport à la maternité, au fil des audiences. Olivier Barlet, écrivain et critique de cinéma, en fait une critique pour la revue Africultures en novembre 2022 sous le titre de « Saint Omer, d’Alice Diop. Je suis Médée ». Depuis 1997, il rédige les pages de la revue et du site internet Africultures, dont il a été le rédacteur-en-chef de 1997 à 2004. Il codirige aux Éditions L’Harmattan, la collection « Images plurielles » consacrée au cinéma et au théâtre et est l’auteur de nombreux articles et ouvrages sur le cinéma africain notamment : Les Cinémas d’Afrique noire, le regard en question (1996) et Les cinémas d’Afrique des années 2000 (2012), tous deux publiés aux éditions L’Harmattan. Il a récemment contribué (sur le cinéma colonial) à l’ouvrage collectif Histoire globale de la France coloniale (Éditions Philippe Rey, 2022). Il revient ici sur l’événement qu’a été la sortie du film d’Alice Diop qui passe du documentaire à la fiction avec une force et une puissance remarquée par la critique et le public, rappelant à cette occasion la déclaration de la réalisatrice lors de la cérémonie de remise des prix de la Mostra de Venise : « Nous ne nous tairons plus ». Mais de quel silence parle-t-elle en s’attaquant à un acte terrifiant : l’infanticide ? C’est le parcours et l’analyse auxquels nous invite Olivier Barlet dans ce texte.
|
|
Sortie du film "Tirailleurs"
|
|
En salle ce mercredi 4 janvier 2023, le film Tirailleurs de Mathieu Vadepied retrace l’histoire du jeune Sénégalais, Thiernos, recruté de force par l’armée française en 1917, et de son père – interprété par Omar Sy – qui s’enrôle volontairement pour veiller sur son fils. Centré sur les tirailleurs sénégalais pendant la Première guerre mondiale, la portée du film est à la fois politique et mémorielle comme le déclare l’acteur : « Aujourd’hui, notre génération a besoin de ce récit pour notre construction, de prendre l’histoire, de savoir comment on se construit par rapport à ces deux pays ».
Retracer l’histoire des tirailleurs sénégalais et plus largement des troupes coloniales, c’est s’attacher au passé commun qui existe entre la France et ses anciennes colonies, c’est bâtir une mémoire commune comme socle et fondation d’un destin partagé, d’une relation sincère et apaisée entre les Nations, entre les peuples ex-colonisateurs et ex-colonisés.
Si la reconnaissance du sacrifice des troupes coloniales a été immédiate dans les armées, elle a par la suite été évacuée de la mémoire collective nationale. Aujourd’hui, monuments du souvenir, sites de mémoire, commémorations et cérémonies militaires tendent à irriguer le territoire national, pour dépasser les oublis de l’histoire. Les artistes quant à eux, qu’ils soient musiciens, cinéastes ou plasticiens, français ou africains, se saisissent des pages de cette histoire commune pour livrer le récit sensible d’épisodes méconnus et douloureux du passé colonial en exprimant à travers leurs œuvres les stigmates et les blessures qui ont forgé les psychés collectives de part et d’autre de l’ex-Empire. Il est temps de bâtir, avec distance et critique, une histoire partagée croisant les mémoires.
Ce récit est au cœur de l’exposition « Les troupes coloniales françaises dans les deux guerres mondiales » conçue par le Groupe de recherche Achac dans une démarche de transmission des savoirs en mettant en exergue ceux qui se sont illustrés au service de la France.
|
|
|
|
France
Article
La disparition du "roi Pelé", légende du football mondial
|
|
Publié le 29 décembre 2022
Le Monde
Le 29 décembre 2022, le footballeur Edson Arantes do Nascimento, dit « Pelé », s’est éteint à l’âge de 82 ans. Celui qu’on surnomme « Le roi » est le seul joueur à avoir gagné trois Coupes du monde (1958, 1962, et 1970). Selon l’ancien joueur international défunt Johan Cruyff, il fut surtout « le seul footballeur à dépasser les bornes de la logique » en considérant le foot comme un terrain où il pouvait laisser son inventivité et son culot phénoménal s’exprimer. En intégrant la sélection nationale brésilienne en 1957, à l’âge de 16 ans, il devient, à la Coupe du monde de 1958 en Suède, le plus jeune finaliste et vainqueur du Mondial. L’homme de tous les records quitte le terrain en 1977 mais reste une figure emblématique en s’engageant dans des actions auprès de l’Unicef et de l’Unesco, puis en étant nommé ministre des Sports, en 1995. Il devient ainsi le premier Noir de son pays à diriger un ministère et parvient à faire voter une loi affranchissant « tous les footballeurs brésiliens de l’esclavage ».
À propos de ce sujet, Pascal Blanchard et Morad Aït-Habbouche ont réalisé le film documentaire « Des Noirs en couleur. L’incroyable sage des jeunes afro-antillais en Equipe de France » (2008) pour aborder les rapports complexes et passionnés entre le foot et la « négritude » avec l’intervention de joueurs tels que Thuram, Karembeu ou Trésor.
|
|
France
Podcast
Bintou Dembélé :
"Plus qu'une démarche, le hip-hop est une façon de vivre..."
|
|
Diffusé le 24 novembre 2022
France Culture, Affaires Culturelles
Ce podcast donne la parole à Bintou Dembélé, danseuse et chorégraphe à l’esthétique politique et au processus créatif singulier. Considérée comme une des pionnières de la danse hip-hop en France, elle interroge dans ses pièces chorégraphiques la mémoire du corps et la notion de rites à travers le prisme de l’histoire coloniale et post-coloniale française. À l’occasion de la deuxième édition du Festival VIVANT !, Bintou Dembélé a présenté sa pièce « Rite de passage – Solo II » qui s’intéresse à la danse « marrone », terme en art désignant la conquête d’un espace de liberté face aux contraintes imposées par un système.
|
|
France
Podcast
L'histoire des Français
aux États-Unis
|
|
|
|
France
Article
Paap Seen : " L'ancien colonisateur continue de faire preuve d'arrogance
à l'égard des Africains "
|
|
Publié le 21 décembre 2022
Le Monde
Le Monde-Afrique a publié une série de onze entretiens intitulée « De Dakar à Djibouti, la radioscopie de la relation Afrique-France ». Cette série aborde la relation franco-africaine et la crise profonde qu’elle traverse. Ces entretiens viennent à la fois éclairer le sentiment antifrançais qui gagne du terrain dans les pays francophones du continent et analyser la difficulté de la France à faire passer le message que la « relation change ». Après le temps de la fracture coloniale, celui de la Françafrique, celui du mépris et du discours de Dakar, le temps est à la fracture historique malgré le désir de changement. Dans le premier entretien de la série, le journaliste sénégalais Paap Seen rappelle cette sourde rancœur : « La colonisation est une blessure profonde dans la conscience africaine. D’autant plus qu’aujourd’hui encore, l’ancien colonisateur continue de faire preuve d’arrogance à l’égard des Africains ». Il revient sur ce rejet qui persistera selon lui tant que la France se mêlera des affaires politiques et économiques du continent et que les élites africaines ne sortiront pas de « la mauvaise gouvernance, de la patrimonialisation du pouvoir, et, enfin, des chemins de dépendance vis-à-vis de l’ancienne puissance coloniale ».
|
|
France
Article
Consensus impossible en Belgique sur des "excuses"
sur le passé colonial
|
|
Publié le 20 décembre 2022
Le Monde
Lundi 19 décembre 2022, la « commission spéciale Passé colonial » du Parlement belge, créée dans la foulé du mouvement Black Lives Matter en 2020, s’est achevée sur un échec, faute de consensus au sein de la majorité sur des « excuses » à formuler aux anciennes colonies belges : la République démocratique du Congo (RDC), le Rwanda et le Burundi. En effet, parmi les 128 recommandations de la commission, la numéro 69 prévoyait que la Chambre « présente ses excuses aux peuples congolais, burundais et rwandais pour la domination et l’exploitation coloniales, les violences et les atrocités, les violations individuelles et collectives des droits humains durant cette période, ainsi que le racisme et la discrimination qui les ont accompagnés » ; une disposition rejetée par les libéraux au grand dam des députés socialistes et écologistes membres de la coalition qui ont fustigé leur « incapacité d’assumer » cette page de l’histoire belge.
|
|
France
Exposition
Paris et nulle part ailleurs.
24 artistes étrangers à Paris. 1945-1972
|
|
Jusqu'au 23 janvier 2023
Musée national de l'histoire de l'immigration
L’exposition « Paris et nulle part ailleurs » invite le public dans les années d’après-guerre, entre 1945 et 1972, durant lesquelles de nouvelles visions artistiques – domaines de l’abstraction, de la figuration ou de l’art cinétique – émergent. Considérée comme la capitale mondiale des arts vers laquelle les artistes et intellectuels affluent en masse pendant la première moitié du XXe siècle, Paris le reste encore après la Seconde guerre mondiale malgré l’attractivité de plus en plus forte de New York. L’exposition s’intéresse à 24 artistes étrangers venus à Paris et dont l’œuvre permet de saisir les enjeux de la migration. En effet, sur les 15 000 artistes actifs à Paris entre 1945 et 1972, 60% à 65% sont étrangers. Pour quelles raisons ces artistes ont-ils émigré ? Comment leurs œuvres ont-elles été marquées par ce changement de vie ? L’exposition, organisée en quatre thèmes, aborde les motivations du départ, l’installation, les sociabilités dans un quotidien parfois difficile.
|
|
|
|
|
|
|