Julie Hamaïde est journaliste. Elle a collaboré aux magazines M, Libération, Ouest-France, Society, Vanity Fair, Cheek Magazine ou encore Slate. Elle a contribué au documentaire Sable, enquête sur une disparition, de Denis Delestrac (Arte, 2013), multi-récompensé, pour lequel elle a été nominée aux Prix Gémeaux (Canada). Dans cette tribune, elle explique la genèse du magazine Koï, sur les cultures et communautés asiatiques en France, dont le premier numéro sortira au mois de septembre.
Indénombrables puisque les statistiques ethniques sont interdites en France mais pourtant nombreux (700 000 ? Un million ?). Contribuant au patrimoine national depuis deux ou trois générations, parfois plus. « Dociles, discrets, travailleurs, obéissants… », les Asiatiques de France sont toujours vus comme une partie exotique de notre population, une « minorité bien intégrée », qui veut désormais prendre la parole.
Eurasienne par mon père, je fais en quelque sorte partie de cette communauté, déplorant le manque de sujets à son égard dans les médias traditionnels. Quand avez-vous entendu parler des Asiatiques en France pour la dernière fois ? Lors de la mort de Liu Shaoyao, tué à son domicile par un policier. Lors des festivités du nouvel an chinois… Les quelques articles sur les appartements raviolis ou les marcheuses de Belleville, résument à nouveau les « Chinois » (facilité de langage pour désigner les Asiatiques) à des travailleurs illégaux.
Koï veut être un porte-voix pour ceux qui ne s’exprimaient pas, proposant des récits nouveaux sur une partie de notre population. Quelle est son histoire ? Comment sont-ils arrivés ? Qu’apporte cette double culture ? Quels en sont les représentants ? Comment peut-on apprécier les cultures venues d’Asie de l’Est et du Sud-Est en France ? Délibérément, l’intérêt s’est porté sur cette partie de l’Asie, connaissant une histoire, des migrations, un morphotype commun.
Le magazine s’engage à aller à la rencontre de tous les curieux de l’Asie et de ses influences, qu’ils en soient originaires ou non. Son ambition est de devenir une référence pour les amateurs de gastronomie, d’arts, de sports, de voyages en Asie. Allant bien au-delà des clichés et amalgames habituels. Des enquêtes seront menées aux côtés de reportages partout en France et de portraits de personnalités publiques issues de la communauté asiatique ou en connexion. Et puisque la culture asiatique se retrouve également dans le « lifestyle », des pages mode, cuisine, high-tech et voyage enrichiront le magazine, avant de laisser place au « carton jaune » ; tribune libre d’une personnalité au sujet de l’Asie ou de la communauté asiatique.
La démarche de Koï est fédératrice, afin de permettre à tous de mieux connaître toute une partie de la population résidant en France et les différentes initiatives faisant vivre les richesses venues d’Asie dans notre pays. Elle a été saluée par le prix Presstalis de l’innovation print, remis par le jury de l’incubateur/accélérateur de médias Media Maker.
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