Sexualité, domination et colonisation. Trois termes qui se croisent et s’enchevêtrent tout au long de six siècles de pratiques, d’histoire et de représentations à l’échelle mondiale et de tous les Empires. 1 200 illustrations complexes car troublantes, bouleversantes, choquantes, et parfois violentes, constituent le cœur de Sexe, race & colonies pour interroger explicitement, grâce aux contributions de près d’une centaine d’auteurs, la manière dont les pays colonisateurs ont (ré)inventé l’« Autre »pour mieux le dominer, prendre possession de son corps et de son territoire.
Traversant six siècles d’histoire (de 1420 à nos jours) au creuset de tous les empires coloniaux, depuis les conquistadors, en passant par les systèmes esclavagistes et jusqu’à aujourd’hui et la période postcoloniale, ce livre explore le rôle central du sexe dans les rapports de pouvoir.
L’ambition de l’ouvrage a été d’appréhender dans sa totalité (chronologique, géographique et impériale) l’enjeu de la sexualité et du désir, à la fois dans la formation des rapports sociaux de sexe et dans la constitution des représentations de ces rapports, en contexte colonial et postcolonial, pour proposer un catalogue de dimension internationale, touchant toutes les époques depuis le XVe siècle et toutes les aires géographiques. L’ouvrage est composé de quatre parties chronologiques : la fascination du XVe siècle au XVIIIe siècle ; la domination durant le XIXe siècle ; la décolonisation au XXe siècle ; les métissages à la fin du XXe siècle et au XXIe siècle.
Édition : La Découverte Parution : septembre 2018
Nombre de pages : 544 Format : 29 x 31 cm
Jacques Martial, acteur et metteur en scène, il a été le président du Mémorial ACTe (Centre caribéen d’expressions et de mémoire de la traite et de l’esclavage) en Guadeloupe de son ouverture en 2015 à 2019. Il présidait auparavant l’Établissement public du parc et de la grande Halle de la Villette (2006-2015), où il a organisé la Saison créole avec, entre autres, l’exposition Kréyol Factory en 2009. En 2003, il a mis en scène et interprété Cahier d’un retour au pays natal d’Aimé Césaire qu’il a joué autour du monde, et dont il a présenté un extrait lors de la cérémonie solennelle célébrant le 170e anniversaire de la signature du décret d’abolition de l’esclavage, le 27 avril 2018, au Panthéon.
Achille Mbembe, historien, politologue et théoricien du postcolonialisme, il est spécialiste de l’histoire de l’Afrique et de la politique africaine. Il est professeur d’histoire et de science politique à l’Université de Witwatersrand à Johannesbourg (Afrique du Sud) et chercheur au WISER. Il est notamment l’auteur de De la postcolonie. Essai sur l’imagination politique dans l’Afrique contemporaine, Paris, Karthala, 2000 ; Sortir de la grande nuit. Essai sur l’Afrique décolonisée, Paris, La Découverte, 2010 ou Politiques de l’inimitié, Paris, La Découverte, 2016.
Leïla Slimani, écrivaine et journaliste. Elle a notamment publié Dans le jardin de l’ogre, Paris, Gallimard, 2014 — son premier roman qui est sélectionné dans les finalistes pour le prix de Flore 2014 — ; Chanson douce, Paris, Gallimard, 2016 — son deuxième roman qui obtient le prix Goncourt 2016 — ; Sexe et mensonges. La vie sexuelle au Maroc, Paris, Les Arènes, 2017, ainsi que Comment j’écris : Conversation avec Éric Fottorino, La Tour-d’Aigues, éditions de l’Aube, 2018.
Nicolas Bancel, historien, professeur ordinaire à l’Université de Lausanne (Suisse), faculté des sciences sociales et politiques (ISSUL), professeur invité à l’Université de Californie Los Angeles (UCLA, États-Unis), codirecteur du Groupe de recherche Achac (colonisation, immigration, postcolonialisme), il est spécialiste du fait colonial, des questions postcoloniales et de l’histoire des activités physiques. Il a notamment codirigé Human Zoos: Science and Spectacle in the Age of Colonial Empires, Liverpool, Liverpool University Press, 2009 et The Invention of Race, Londres/New York, Routledge, 2015. Il a aussi codirigé De l’indigène à l’immigré, Paris, Gallimard, 1998 et La Fracture coloniale. La société française au prisme de l’héritage colonial, Paris, La Découverte, 2005.
Pascal Blanchard, historien, chercheur au CNRS au laboratoire Communication et Politique (France), codirecteur du Groupe de recherche Achac (colonisation, immigration, postcolonialisme), il est spécialiste de la question coloniale, de l’histoire des immigrations et des enjeux postcoloniaux. Il a notamment codirigé La République coloniale. Essai sur une utopie, Paris, Albin Michel, 2003 et Human Zoos. Science and Spectacle in the Age of Colonial Empires, Liverpool, Liverpool University Press, 2009. Il a aussi publié L’invention de l’Orient (1860-1910), Paris, La Martinière, 2016 et a codirigé Images et colonies. Iconographie et propagande coloniale sur l’Afrique française de 1880 à 1962, Paris, BDIC/MHC/Groupe de recherche Achac, 1993.
Gilles Boëtsch, anthropobiologiste, directeur de recherche émérite au CNRS, membre de l’UMI Environnement, Santé, Sociétés à Dakar (Sénégal), il est spécialiste de la représentation et de la mise en scène des corps. Il a notamment codirigé Corps normalisé, corps stigmatisé, corps racialisé, Bruxelles, De Boeck, 2007 et Exhibitions. L’invention du sauvage, Arles/Paris, Actes Sud/Musée du quai Branly, 2011. Il a aussi codirigé Zoos humains et exhibitions coloniales. 150 ans d’inventions de l’Autre, Paris, La Découverte, 2011 et Dictionnaire du corps, Paris, CNRS Éditions, 2015.
Christelle Taraud, historienne, enseignante dans les programmes parisiens de Columbia University et de New York University, membre associé du Centre d’histoire du XIXe siècle des Universités Paris I et Paris IV (France), elle est spécialiste des questions de genre et de sexualités dans les espaces coloniaux, tout particulièrement au Maghreb. Elle a notamment publié La prostitution coloniale. Algérie, Tunisie, Maroc (1830-1962), Paris, Payot, 2009 [2003] ; Mauresques. Femmes orientales dans la photographie coloniale (1860-1910), Paris, Albin Michel, 2003 ; Femmes d’Afrique du Nord. Cartes postales (1885-1930), Paris, Bleu Autour, 2011 [2006] et « Amour interdit ». Prostitution, marginalité et colonialisme. Maghreb (1830-1962), Paris, Payot, 2012.
Dominic Thomas, spécialiste du postcolonial, professeur en littérature comparée, directeur du département d’études françaises et francophones à l’Université de Californie Los Angeles (UCLA, États-Unis), il travaille sur les politiques d’échanges culturels entre l’Afrique et l’Europe. Il a notamment codirigé La France noire. Trois siècles de présences, Paris, La Découverte, 2011 et L’Invention de la race. Des représentations scientifiques aux exhibitions populaires, Paris, La Découverte, 2014. Il a aussi publié Black France: Colonialism, Immigration and Transnationalism, Bloomington, Indiana University Press, 2007 et codirigé The Colonial Legacy in France: Fracture, Rupture, and Apartheid, Bloomington, Indiana University Press, 2017.
Préface 6-11
Introduction générale 12-39
Partie 1 ı Fascinations ı 1420-1830 40-137
Les corps de l’« Autre ». Les représentations des Africains et des Amérindiens 42-65
De la désirabilité de l’« Autre » à la hantise du métissage 66-89
L’iconographie sexuelle des « sauvages » et la passion exotique et érotique 90-113
Possessions et érotisation violentes des femmes esclaves 114-137
Partie 2 ı Dominations ı 1830-1920 138-269
Disposer des corps : contrôler, surveiller et punir 140-165
Économie politique de la sexualité coloniale et raciale 166-191
La lente fabrication des stéréotypes de l’Orientale et de l’Oriental 192-217
Hygiène coloniale, sexualité et métissage 218-243
Érotisme colonial et « goût de l’Autre » 244-269
Partie 3 ı Décolonisations ı 1920-1970 270-391
Spectacles ethnographiques, pornographie exotique et propagande coloniale 272-301
Fascinations et répulsions pour le corps noir 302-331
Sexualité, couple et mariages interraciaux dans le colonial tardif 332-361
Violences sexuelles au temps des décolonisations 362-391
Partie 4 ı Métissages ı depuis 1970 392-505
Métissage et Métis : sexualité, sociabilité et politique de l’identité 394-421
Mondialisation, immigration et nouvelle identité : libérer le regard 422-449
Les nouveaux territoires de la sexualité postcoloniale 450-477
Reconstruire l’« Autre » corps : émancipation et création contemporaine 478-505
Postface 506-509
Annexes 510-543