Memoire Combattantes

Dossier de presse

« Féminiser les vaincus, viriliser les vainqueurs : imaginaires sexuels coloniaux et postcoloniaux au Paraguay (XVIe-XXe siècles) » (pp.227-235)

Découverte, vous propose un article du livre en open source. L’objectif, ici, est de participer à une plus large diffusion des savoirs à destination de tous les publics. Les 45 contributions seront disponibles pendant toute l’année 2020.

Découvrez cette semaine l’article de Capucine Boidin, anthropologue et professeure à l’Université Sorbonne Nouvelle Paris III-IHEAL. Intitulé Féminiser les vaincus, viriliser les vainqueurs : imaginaires sexuels coloniaux et postcoloniaux au Paraguay (XVIe-XXe siècles), cet article montre comment le récit national paraguayen place au fondement de son peuple un couple mythique composé d’une femme indienne « vaincue » mais dépositaire des traditions, et d’un homme européen « vainqueur« , garant du progrès économique et social. Cette représentation racialisée et sexualisée des origines de la nation paraguayenne va de pair avec une oblitération de la femme allochtone, reléguée aux oubliettes de l’histoire coloniale, et de l’homme autochtone, envisagé comme « toujours mourant« .

Article ? « Féminiser les vaincus, viriliser les vainqueurs : imaginaires coloniaux et postcoloniaux au Paraguay (XVIe-XXe siècles) » issu de la partie 3 Science, race et ségrégation de l’ouvrage Sexualités, identités & corps colonisés (p.227-235)*

© CNRS Éditions / Éditions la Découverte / Groupe de recherche Achac / Capucine Boidin (Sexualités, identités & corps colonisés, 2019)

 


Féminiser les vaincus, viriliser les vainqueurs : imaginaires sexuels coloniaux et postcoloniaux au Paraguay (XVIe-XXe siècles)

Par Capucine Boidin

 

Les révolutions et indépendances au sud du continent américain surgissent en même temps que la plupart des États-nations européens, au début du XIXe siècle. Les nationalismes latino-américains, en tant que mouvements politiques, littéraires et esthétiques qui « fabriquent » culturellement des sociétés nationales à la fin du XIXe siècle et au début du XXe siècle, sont eux aussi « atlantiques », connectés à leurs homologues européens et nord-américains[1]. Après les décolonisations africaines et asiatiques, les indépendances latino-américaines sont réinterprétées en termes anti-coloniaux puis postcoloniaux et aujourd’hui dé-coloniaux. Mais pour comprendre, sans anachronisme, comment les nationalismes en Amérique latine sexualisent et racialisent leur passé colonial, il faut les situer dans leur contexte social et intellectuel, marqué par des lois favorables à l’immigration européenne et des thèses raciologiques racistes[2].

Certains intellectuels latino-américains, en Argentine en Uruguay ou au Costa Rica, dépeignent alors leur nation sous les traits de corps européens pour mieux nier les existences indiennes. D’autres argumentent que le métis n’est pas la somme négative de ses parents ou un avorton stérile, mais plutôt un résultat positif, fécond et toujours plus blanc. Ils placent au fondement de leur peuple un couple mythique, composé de l’Indienne ou esclave africaine et de l’Espagnol ou Portugais. Les caractéristiques du père, européen, sont censées s’imposer sur celles de la mère[3]. Se diffuse alors la vision d’un Indien parfois héroïque mais « toujours » mourant[4] et de descendants « toujours » plus blancs. Que les récits soulignent une libre attraction ou un viol originaire, le couple mixte « femme de vaincu/homme vainqueur » est censé avoir fondé Cuba, le Mexique, le Brésil ou le Paraguay.

Vu depuis la France ou l’Europe, le Paraguay est la terre utopique des missions jésuites qui évangélisèrent les Guarani (XVIIe-XVIIIe siècles). Pour les pays du cône sud, le Paraguay est un pays guarani, essentiellement indien. Mais les Paraguayen·ne·s du XXe siècle se présentent plus volontiers comme les descendant·e·s des Espagnols et des Indiennes qui fondèrent les villes coloniales de leur région et s’opposèrent aux Jésuites comme aux Indiens. De leur père, ils auraient hérité le castillan et de leur mère, le guarani[5]. De fait, environ 65 % de la population est aujourd’hui bilingue castillan-guarani. Et 80 % des habitants du Paraguay parlent guarani alors que seuls 2 % se reconnaissent et sont reconnus comme étant indígena[6]. La langue guarani est déclarée nationale en 1967 et officielle en 1992. Le nationalisme paraguayen du XXe siècle noue inextricablement guerre, métissage et langues[7], mais aussi sexe et genre. L’imaginaire national féminise les vaincus et masculinise les vainqueurs pour mieux sexualiser les relations coloniales et expliquer les langues de leurs fils métis. Ce faisant, il occulte de nombreuses figures et processus, pourtant présents dans les sources.

Métissage à l’aube de la conquête : entre fiction et réalité

Selon les narrations historiques les plus communément admises dans les ouvrages académiques, les manuels scolaires et les romans, le Paraguay naît de la rencontre entre Indiennes et conquistadors au XVIe siècle et re-naît de l’union entre Paraguayennes et immigrés européens, argentins, uruguayens ou brésiliens à la fin du XIXe siècle. Au départ, les documents d’archives semblent donner raison au mythe national. Dépeint comme la « China Rusia de Sudamérica », c’est-à-dire un pays marginal et frontière, le Paraguay était aussi le « Paraíso de Mahoma », le paradis de Mahomet. En effet, dès 1545, des lettres de prêtres se plaignent de l’immoralité régnant à Asunción. Les partisans d’Alvar Núñez Cabeza de Vaca (gouverneur de la province du Paraguay entre 1542 et 1544) accusent Domingo de Irala (gouverneur entre 1539 et 1542 puis entre 1544 et 1556) de pratiquer la ­polygamie[8]. L’usage de l’épithète « polygame » a, ici, une fonction politique.

Mais, de fait, le conquistador biscayen Domingo de Irala s’était uni à plusieurs filles de chefs amérindiens des environs. C’était pour lui le moyen de s’assurer des provisions constantes, puisque les femmes assuraient traditionnellement la culture de la terre[9]. Si, au départ, les Espagnols étaient dépendants des logiques amérindiennes, dès lors qu’ils se sont trouvés plus nombreux et qu’ils ont commencé à traiter les Guarani non plus comme des beaux-frères, mais comme des esclaves, les révoltes ont éclaté[10].

Certes le mythe du métissage heureux occulte ces mauvais traitements et révoltes postérieures pour ne garder que l’embrassade des premiers instants. Nous n’avons toutefois pas fini de mieux comprendre le « bon accueil » que les femmes guarani et plus largement celles des basses terres réservaient – selon les sources coloniales – aux hommes étrangers. Il n’est pas sûr qu’il faille l’interpréter comme un effet du regard colonial ou comme le résultat d’une double domination masculine qui ferait des femmes des biens à échanger. Une autre interprétation est possible.

Du point de vue des chefs amérindiens, ils ne « donnaient » pas tant leurs filles qu’ils s’attachaient les services habituellement attendus des gendres. Dans ces sociétés uxorilocales où les nouveaux couples s’installent chez les parents de la femme, ceux-ci étaient en effet taillables et corvéables à merci pendant plusieurs années avant de pouvoir jouir de leur indépendance. Un homme ne pouvait échapper à ce service qu’en s’unissant à la fille de sa sœur (union avunculaire) ou en capturant des femmes issues de groupes ennemis. Mais, du point de vue des pères, il convenait d’éviter que les frères de leurs femmes – fils de leurs beaux-pères qu’ils ont dû servir autrefois – deviennent leurs gendres. Il était probablement plus stratégique d’attirer des étrangers dans leur sphère d’influence. Par ailleurs, ces derniers permettaient peut-être aussi aux femmes d’éviter un mariage avunculaire. Conquistadors, chefs et femmes amérindiennes poursuivaient ainsi au départ des stratégies semblables – s’attacher les services domestiques, sexuels et militaires d’autrui.

Nous ne remettons pas en cause la réalité des métissages lors des premières années de la colonisation – ni les violences et les désirs qui leur sont liés. Nous esquissons la manière dont ils ont été dits et pensés au cours du XXe siècle.

Sex-ratio et imaginaires nationaux

Les frères et les beaux-frères des femmes indiennes sont bien présents dans les archives, mais seules les femmes indiennes sont situées au fondement de la généalogie nationale. Et, il faut le rappeler, assez rapidement, des femmes espagnoles furent envoyées dans les Amériques. La couronne privait les conquistadors de leurs privilèges s’ils ne se mariaient pas à des femmes espagnoles. La couronne évitait ainsi que les conquistadors oublient leurs devoirs d’allégeance. Ces femmes sont pourtant délibérément absentes des récits aujourd’hui au Paraguay. Étrangement, elles sont présentes dans un autre espace national, pourtant contigu et marqué par des processus démographiques tout à fait similaires, à savoir ­l’Argentine.

Là, au contraire, une figure hante les esprits : la cautiva[11]. « La captive » est une femme blanche, déjà mariée à un Espagnol, capturée par des Amérindiens – contre son gré et mal traitée. Avec courage, elle cherche à se sauver, elle et son mari, couple blanc originel de l’Argentine[12]. Le sous-texte invite les hommes espagnols à mener une guerre « juste » contre les Indiens, hommes. Nous avons là un trope inverse par rapport au Paraguay, mais lié au mythe selon lequel l’Argentine est une nation blanche sans Indiens. Le Paraguay aurait « absorbé » les Indiens tandis que l’Argentine les aurait exterminés.

En fait, le déséquilibre des sexes, si souvent invoqué pour « expliquer » le métissage de certains espaces nationaux en Amérique latine, n’est une réalité que durant les premières décennies de la conquête. Les épidémies qui ont décimé les Amérindiens à cette époque n’ont pas plus épargné les femmes que les hommes. Et les premières générations nées des Espagnols n’ont pas compté plus d’hommes que de femmes. Autrement dit, l’oblitération des hommes autochtones et des femmes allochtones dans les narrations historiques au Paraguay est une construction a posteriori. Sur-masculiniser les secteurs dominants (invisibiliser les femmes dominantes) et sur-féminiser les secteurs dominés (invisibiliser les hommes dominés), naturalise un couple hétérosexuel, homme blanc/femme de couleur. À moins qu’il ne s’agisse plutôt d’ethniciser les uns et les autres en hispanisant les hommes et en indianisant les femmes. L’ethnicité est genrée et le genre ethnicisé[13]. De fait, ce couple « originel » qui occupe le devant de l’imaginaire national n’est que l’inverse du couple « tabou » femme blanche/homme de couleur. Il laisse dans l’ombre une multitude d’autres figures possibles, homosexuelles et hétérosexuelles, en particulier le couple homme de couleur/femme de couleur.

Histoire d’un mythe

Au Paraguay, l’Indien déjà mort aurait confié à des Indiennes « toujours » survivantes la tâche de transmettre le guarani à son fils métis toujours plus « blanc ». Ce topos, qui fait de la femme le locus essentiel de la transmission linguistique, n’est pas propre au Paraguay. Il fonde les représentations de la « résistance » linguistique minoritaire comme celles du « progrès » et du « développement » attachées aux langues majoritaires. Dans un cas comme dans l’autre, les femmes autochtones sont pensées comme les exemples paradigmatiques du retard ou de l’arriération sociale, économique et culturelle, mais aussi comme les derniers remparts contre l’expansion capitaliste.

En réalité, il faut comprendre ce fait sociolinguistique – une langue amérindienne parlée par une majorité non indienne – d’une autre manière. Pour faire fonctionner leurs Empires, les couronnes espagnole et portugaise ont toléré, voire encouragé l’usage de plusieurs grandes langues amérindiennes déjà véhiculaires avant leur arrivée. Le nahuatl, le maya yucatèque, le quechua, le mapudungun, le guarani et le tupi ont ainsi été des langues d’évangélisation, d’alphabétisation et de gestion coloniale[14]. C’est dans ce cadre qu’elles ont excédé les frontières ethniques[15]. Ceci explique qu’aujourd’hui encore, elles comptent toutes plus d’un million de locuteurs (six millions pour le guarani). Ces langues – et non pas le castillan ou le portugais – ont déplacé d’autres langues amérindiennes minoritaires. Espagnols et esclaves devaient parler ces langues pour communiquer avec les multitudes d’Indiens plurilingues qui les dominaient d’un point de vue numérique.

La différence entre le Mexique, les Andes, le Brésil et le Paraguay se creuse à mesure que les trajectoires économiques et sociales de ces régions divergent. L’espagnol s’impose davantage dans les centres coloniaux (Mexique, Pérou) que dans ses périphéries (État du Para au Brésil jusqu’au XIXe siècle, Paraguay jusqu’à nos jours). Au Paraguay, l’usage généralisé d’une langue amérindienne par des populations non indiennes subsiste alors que partout ailleurs ces langues sont particularisées, ethnicisées, régionalisées. La langue guarani n’a donc pas tant été transmise naturellement par les femmes autochtones qu’elle a été diffusée par des dispositifs coloniaux, somme toute assez communs pour la région. Ce ne sont pas les femmes autochtones qui, contre vents et marées, ont résisté en parlant guarani. Ce sont plutôt des hommes, évangélisateurs et conquistadors allochtones, qui l’ont utilisée pour diffuser le catholicisme, assoir leur influence et gérer leurs territoires.

Le mythe rejoué

En 1870, le Paraguay perd une guerre contre la Triple Alliance de l’Argentine, de l’Uruguay et du Brésil (1864‑1870). Selon les vainqueurs, le seul responsable de cette longue guerre meurtrière est le président paraguayen Francisco Solano Lopez, qu’ils dépeignent sous les traits d’un tyran sanguinaire. Et, bien entendu, les Paraguayens, qui ne seraient que des Indiens préparés à une soumission aveugle par leur passage dans les missions jésuites. S’érigeant contre cette représentation, une jeune génération d’intellectuels veut démontrer que les Paraguayens n’ont pas les Indiens des missions pour ancêtres, mais bien les créoles et les métis d’Asunción[16]. De fiers et rebelles créoles et métis ont, selon eux, toujours lutté pour récupérer la main-d’œuvre indienne que les jésuites soustrayaient à leur influence. Autrement dit, depuis la fin du XIXe siècle, les couples métis sont situés au cœur de la nation contre les missions jésuites, qui auraient maintenu les Indiens dans l’endogamie.

La Triple Alliance de l’Argentine, de l’Uruguay et du Brésil laisse un Paraguay exsangue après six ans de campagnes militaires meurtrières. Entre 60 et 70 % de la population périt – seuls survivent cent cinquante mille habitants sur quatre cent vingt mille – et 80 % des hommes en âge de porter les armes décèdent. « Même » les femmes et les enfants paraguayens auraient pris les armes, « parce que » tous les hommes paraguayens auraient lutté jusqu’à la mort. La nation n’aurait survécu que grâce à sa gent féminine qui aurait alors su la faire renaître de ses cendres, avec la langue guarani[17]. Certes, il y eut bien, à la première génération, un déséquilibre démographique entre les sexes, à hauteur d’un homme (jeune) pour quatre femmes (jeunes)[18]. Mais certains hommes survécurent et le sex-ratio fut rapidement rétabli. Pourtant, les représentations des lendemains de guerre rejouent la scène primitive de l’alliance coloniale hispano-guarani sous les traits de l’union postcoloniale euro-paraguayenne.

Les hommes auraient été contraints de multiplier leurs partenaires et les femmes de se partager les premiers entre elles. Les géniteurs n’auraient pas transmis leurs noms de famille à leurs enfants, restant pour la plupart dans l’anonymat. En parallèle, alors même que les archives portent trace de femmes étrangères célibataires, en particulier argentines, celles-ci sont effacées ou érigées en « monstres »[19]. Autrement dit, les vainqueurs ne sont présents dans les imaginaires que sous leur forme masculine, tandis que les vaincus ne peuvent survivre que sous leurs traits féminins. Il faut aller plus loin : les hommes paraguayens n’avaient pas le droit de survivre à la guerre. Il était impossible qu’ils n’aient pas lutté honorablement, jusqu’à la mort. Nous retrouvons leur trace dans les archives[20], mais ils étaient socialement morts et interdits de mémoire. Seuls les mères célibataires et les couples de femmes paraguayennes avec des hommes étrangers, uruguayens, argentins et brésiliens avaient un droit à l’existence.

La disponibilité sexuelle des femmes paraguayennes aurait été rendue possible par la mort de leurs partenaires sexuels nationaux potentiels. La mort de masse est réelle, mais elle est redoublée par la mort sociale des survivants. Inversement, l’appétit sexuel des hommes étrangers serait exacerbé par l’absence potentielle de leurs partenaires féminines. Comme s’ils étaient nécessairement venus seuls occuper cet espace devenu « vierge ». Dans les sources pourtant, ils arrivent plutôt en couple, voire en famille ! Cette double construction imaginaire peut paraître étrange, puisqu’elle donne une place privilégiée à l’ennemi d’hier dans la fondation du soi. Une reconstruction qui recouvre d’un voile la violence qui la sous-tend, en particulier vis-à-vis des femmes. Mais c’est aussi une manière de signaler l’absorption du vainqueur en soi. Si les familles étrangères, pensées comme blanches, étaient restées des corps séparés, leur nationalisation et le blanchiment de la population auraient été suspendus.

Déconstruire les mythes nationaux ?

Nous avons mis en évidence que le nationalisme paraguayen, forgé au début du XXe siècle, sexualise et racialise les relations coloniales et postcoloniales au Paraguay. Les étrangers vainqueurs sont masculinisés et les natifs vaincus féminisés, ou plutôt, les femmes sont autochtonisées et les hommes allochtonisés. Autant de manières de mieux les unir pour donner naissance à une nation métisse. Cet imaginaire, joué à deux reprises, oblitère trois autres couples possibles : les couples allochtones, les couples autochtones et les couples qui unissent la femme allochtone et l’homme autochtone. Cette triple oblitération s’articule avec d’autres stéréotypes comme celui de l’homme autochtone indolent, inactif, non productif ou le bon sauvage innocent asexué. Dans tous les cas, il incarne la main-d’œuvre inutile, le partenaire sexuel indésirable. Seul l’homme étranger est doté des attributs de l’activité économique et sexuelle désirable. Il devient incorporable. Inversement, la femme étrangère reste potentiellement insoluble dans la nation et dangereuse pour l’ordre national et l’ordre du genre.

Nous avons aussi souligné que, par-delà ces imaginaires, les phénomènes historiques sont plus complexes. L’apparente disponibilité sexuelle des femmes autochtones est liée au fonctionnement des structures locales d’alliance ; les déséquilibres de sex-ratio ne durent qu’un temps ; la langue n’est pas seulement transmise par les femmes ; les couples endogames, indiens et étrangers sont importants… Les Indiens des missions jésuites n’ont pas plus vocation à habiter la communauté imaginaire nationale que les créoles du paradis de Mahomet. Il s’agit moins de rétablir une vérité historique que de dépasser le nationalisme méthodologique afin de lire avec un regard neuf les sources coloniales et républicaines.

 

* Retrouvez le sommaire de l’ouvrage ici

 

Pour citer cet article : Nancy L. Praxton « Féminiser les vaincus, viriliser les vainqueurs : imaginaires sexuels coloniaux et postcoloniaux au Paraguay (XVIe-XXe siècles) », in Gilles Boëtsch, Nicolas Bancel, Pascal Blanchard, Sylvie Chalaye, Fanny Robles, T. Denean Sharpley-Whiting, Jean-François Staszak, Christelle Taraud, Dominic Thomas et Naïma Yahi, Sexualités, identités & corps colonisés, Paris, CNRS Éditions, 2019 : pp.227-235

 

Retrouvez l’ouvrage sur le site de CNRS Éditions ici 

Le contexte de diffusion électronique ne retire rien à la conservation des droits intellectuels, les auteurs doivent être reconnus et correctement cité en tant qu’auteurs d’un document.

 

[1]. Anne-Marie Thiesse, La création des identités nationales. Europe (XVIIIe -­XIXe siècle), Paris, Seuil, 1999 ; Paula López Caballero, Christophe Giudicelli (dir.), Régimes nationaux d’altérité : États-nations et altérités autochtones en Amérique latine (1810‑1950), Rennes, PUR, 2016.

[2]. Richard Graham (dir.), The Idea of Race in Latin America, 1870‑1940, Austin, University of Texas Press, 1990.

[3]. Capucine Boidin, « Métissages et genre dans les Amériques : Des réflexions focalisées sur la sexualité », in Clio. Femmes, Genre, Histoire, no 27, 2008.

[4]. João Pacheco de Oliveira, « Las formas del olvido. La muerte del indio, el indianismo y la formación de Brasil (siglo XIX) », in Desacatos : Revista de Ciencias Sociales, no 54, 2017.

[5]. Gabriela Zuccolillo French, « Lengua y nación : el rol de la élites morales en la oficialización del guaraní (Paraguay 1992) », in Suplemento antropológico, vol. 37, no 2, 2002.

[6]. Capucine Boidin, « Le double discours des politiques d’éducation interculturelle bilingue au Paraguay », in Problèmes d’Amérique latine, no 92, 2014.

[7]. Luc Capdevila, « Métissage et bilinguisme au cœur d’un régime d’altérité des confins ? », in Christophe Giudicelli, Paula López Caballero (dir.), Régimes nationaux d’altérité : États-nations et altérités autochtones en Amérique latine (1810‑1950), Rennes, PUR, 2016.

[8]. Barbara Potthast, ¿« Paraíso de Mahoma » o « País de las Mujeres » ? El rol de la familia en la sociedad Paraguaya del siglo XIX, Asunción, Instituto Cultural Paraguayo-Alemán, 1996.

[9]. Guillaume Candela, « Las mujeres indígenas en la conquista del Paraguay entre 1541 y 1575 », in Nuevo Mundo Mundos Nuevos, septembre 2014. https://journals. openedition.org/nuevomundo/67133

[10]. Branislava Susnik, El rol de los indígenas en la formación y en la vivencia del Paraguay, Asunción, Instituto Paraguayo de Estudios Nacionales, 1982.

[11]. José Esteban Echeverría, La cautiva : poema, Buenos Aires, Editorial Araujo, 1941 [1837].

[12]. Thomas Brignon, « Le rôle des vecteurs locaux dans l’introduction de l’esthétique romantique au Río de la Plata dans “L’Avant-propos” à La Captive, d’Esteban Echeverría (1837) », in Dominique Peyrache-Leborgne (dir.), Théories esthétiques du romantisme à l’étranger, Nantes, Éditions Nouvelles Cécile Defaut, 2014.

[13]. Marisol de la Cadena, « “Las mujeres son más indias” : etnicidad y género en una comunidad del Cusco », in Revista andina, vol. 9, no 1, 1991.

[14]. Juan Carlos Estenssoro, César Itier, « Présentation », in Mélanges de la Casa de Velázquez, t. 45, no 1, 2015.

[15]. Caterina Pizzigoni, « Conclusion: A Language across Space, Time, and Ethnicity », in Ethnohistory, vol. 59, no 4, 2012.

[16]. Ignacio Telesca, « La reinvención del Paraguay. La operación historiográfica de Blas Garay sobre las misiones jesuíticas », in Revista Paraguay desde las ciencias sociales, no 5, 2014.

[17]. Capucine Boidin, « Residenta ou Reconstructora ? Les deux visages de “La” mater dolorosa de la Patrie paraguayenne », in Clio. Femmes, Genre, Histoire, no 21, 2005.

[18]. Thomas Whigham, Barbara Potthast-Jutkeit, « La piedra “Rosetta” Paraguaya, nuevos conocimientos de causas relacionados con la demografía de la Guerra de la Triple Allianza, 1864‑1870 », in Revista paraguaya de sociologia, vol. 35, no 103, 1998.

[19]. Capucine Boidin, « La veuve, le compère et le perroquet : violences de l’après-guerre au Paraguay », in Luc Capdevila, Frédérique Langue (dir.), Entre mémoire collective et histoire officielle. L’histoire du temps présent en Amérique latine, Rennes, PUR, 2009.

[20]. Luc Capdevila, Une guerre totale. Paraguay (1864‑1870). Essai d’histoire du temps présent, Rennes, PUR, 2007 ; Capucine Boidin, Guerre et métissage au Paraguay (2001‑1767), Rennes, PUR, 2011.

 

 

Design : www.graphipro.com | Développement : equity