Memoire Combattantes

Dossier de presse

« « L’homme blanc » aux prises avec ses démons » (pp.375-381)

Découverte, vous propose un article du livre en open source. L’objectif, ici, est de participer à une plus large diffusion des savoirs à destination de tous les publics. Les 45 contributions seront disponibles pendant toute l’année 2020.

Découvrez cette semaine l’article d’Achille Mbembe, historien et politologue, professeur d’histoire et de sciences politique à l’Université de Witwatersand à Johannesburg et chercheur au Wits Institute for Social & Economic Research (Afrique du Sud). Intitulé L’« homme blanc » aux prises avec ses démons, cet article envisage la colonisation comme un espace-temps particulier au sein duquel « l’homme blanc », par la déshumanisation des individus colonisés, a pu s’affranchir des contraintes religieuses et morales liées au sexe et assouvir des désirs de toute sorte sans éprouver un quelconque sentiment de culpabilité.

Article « L' »homme blanc » aux prises avec ses démons » issu de la partie 4 Dominations, violences et viols de l’ouvrage Sexualités, identités & corps colonisés (p.375-381)*

© CNRS Éditions / Éditions la Découverte / Groupe de recherche Achac / Achille Mbembe (Sexualités, identités & corps colonisés, 2019)

 


L’« homme blanc » aux prises avec ses démons

Par Achille Mbembe

J’ai beau examiner les réactions à la première parution en France de l’énorme somme imagée que fut la sortie de l’ouvrage Sexe, race & colonies. La domination des corps du XVe siècle à nos jours[1], le fruit de plusieurs années de recherche, la plupart – pas toutes – n’ont que peu à voir avec la thématique privilégiée par les auteurs de cette panoplie de textes aussi riches que variés. Davantage encore, bien peu s’intéressent aux perspectives théoriques qu’ils ouvrent. Est-ce parce que l’époque, manifestement, est moins à la délibération qu’à la hargne et à la production souvent facile de l’indignation ?

Tout n’étant cependant pas interchangeable, revenons à l’essentiel. De quoi est-il en effet question ici, sinon de savoir comment, en situation coloniale (dans les Empires coloniaux européens ou japonais) et dans des contextes de domination intérieure (comme aux États-Unis, du temps de l’esclavage à celui de la ségrégation d’État), des imaginaires et pratiques du sexe dérivés pour l’essentiel d’Occident contribuèrent à forger une domination de nature libidinale dont les corps humains racisés furent la cible privilégiée ?

Cette forme d’exercice d’un pouvoir qu’il faudrait appeler orgastique et sans contrôle apparent passa par un dispositif, le sexe, qu’il fallut à l’occasion réduire à sa plus simple expression, le rapport génital. Pour des besoins de légitimation, elle exigea la production, sur une échelle élargie, de toutes sortes d’images et de silhouettes dont la circulation généralisée permettait de normaliser la façon dont on traitait ces corps, et par là même ces gens.

Que nous disent ces images issues de cette histoire sur un spectre historique aussi large (six siècles), au sujet de l’acte de coloniser en général, et des liens entre la domination coloniale et la domination masculine et génitale en particulier ? Quelle place occupe la race dans l’ordre du sexe ainsi compris comme un instrument à la fois de jouissance et de violation des corps et de ce dont ils constituent les symboles ? Telles sont certaines des grandes questions que posent cet ouvrage et les auteurs rassemblés ici. Et nous ne gagnons strictement rien à les éluder. Il faut regarder cette histoire en face.

Il se pourrait qu’en colonie comme ailleurs, la fonction copulatoire, activité physique et fantasmatique s’il en est, ne mène finalement qu’à un seul constat : l’impossibilité de la jouissance absolue, brûlante et fusionnelle. Devrait-on en déduire que la scène sexuelle est par nature irreprésentable, un simple nom sur le bout d’une langue, ou encore sur la pointe d’une lèvre ? Ou que de remontée vers la source et l’origine, il n’y en a point véritablement, puisqu’en fin de compte, aller à la rencontre de cela qui nous a conçus relève strictement du mythe ?

Ces questions se posent désormais pour plusieurs raisons, et la première tient à la nature même de la colonie. Qu’est-ce, en effet, la colonie sinon un trou bizarre, un complexe paradoxal dont l’une des caractéristiques est de fournir, à ceux et celles qui le désirent, un angle absolument direct sur le sexe, ce grand imaginaire d’objets dont le propre est d’éveiller le désir ? On rentre dans la colonie comme on tombe dans une trappe, d’un corps à l’autre – le surgissement brutal, la prise de contrôle tantôt perverse et tantôt sadique, le transfert en force, toutes sortes de déjections associées à l’agressivité, au racisme et à la haine, la haine de soi y compris.

Il en est ainsi parce que coloniser ou ségréguer, c’est introduire systématiquement de la différence aussi bien dans la parure que dans la cosmétique des corps, dans la chair et par extension dans la structure même du fantasme. C’est tout fendre, y compris le regard. C’est, enfin, instaurer une coupure entre ce qui se voit en soi, et ce qui ne doit apparaître dans le champ de vision que sous la figure de l’« Autre », c’est-à-dire un corps appelé à soutenir une jouissance qui le déborde, et qui n’est pas nécessairement la sienne. Au regard du sexuel, la colonie se distingue par conséquent des autres scènes sur plusieurs plans.

D’une part, elle est un lieu où le sexe ne se rencontre pas que dans l’acte sexuel. Sexe d’homme ? Sexe de femme ? Ou sexe par-delà les deux et suspendu dans l’indétermination ? En réalité, sexe-saumon, schizo-paranoïde, anal et sadique s’il le faut, polyvalent, n’appartenant à personne en particulier. Sexe pêcheur de coquillages, matière inflammable et usine de possibilités, il excède toute définition. D’autre part, si, en colonie, le sexe ne se rencontre pas que dans l’acte sexuel, et donc si, pour reprendre Jacques Lacan, il n’y a pas de rapport sexuel à proprement parler, tout, par contre, est sexuel.

De fait, la colonie est loin d’être un désert de jouissance. Au demeurant, il n’est pas rare que la séduction se mêle à la perversion. En tant que parent et force traumatique, le colon est capable de mettre ses cibles dans son lit, sentir leurs corps et leurs odeurs, puis, le phallus indégonflable, de profiter à vue d’œil, de les user et les mouiller de ses pollutions.

Il faut donc tourner le dos à certains mythes. En matière de sexualité, la colonie ou l’Amérique des Blancs est le pays des séparations refusées et des alliances disjonctives, de la confusion des langues et des lèvres. Ici, nulle place pour l’autoérotisme. L’« Autre », c’est un sexe dont la vue a immanquablement des effets d’excitation. L’on ira y chercher sa jouissance. Du reste, jouir, c’est se-jouir. Et se-jouir passe nécessairement par l’« Autre ». Peu importe que les organes génitaux soient restés ou non d’aspect animal, tous les investissements faits du corps de l’« Autre » souvent n’ont point d’autre but sinon se retoucher indéfiniment soi-même.

Car, d’une part, la colonie n’est pas d’abord là. À la limite, la colonie ne précède rien. Ce qui précède la colonie ne fait pas partie d’un stade présexuel. Du sexe, il y en avait avant la colonie. Avec l’avènement de la colonie – avant la naissance de l’Amérique moderne – cependant, au moins deux événements ont lieu. Et d’abord, les lieux où se tient le sexuel – son périmètre et ses objets – se déplacent considérablement, et sa puissance en ressort décuplée, résultat de la névrose bourgeoise et du primitivisme fuyant. Par ailleurs, il n’est plus possible d’échapper au sexe de l’« Autre », à sa langue, à ses lèvres et à ses noyaux, la perle. Les modalités selon lesquelles on vit la sexualité changent en même temps que les représentations et fantasmes soutenant les pratiques sexuelles. Plus que jamais, le sujet doit faire face à son manque.

La colonisation ou tout acte de domination constitue, de ce point de vue, un grand moment d’intrusion et de clivage, de prise sur le vivant. Si cette prise est susceptible d’ouvrir la voie à la perte, ce n’est cependant pas tout et ce n’est pas que cela. Elle est aussi l’occasion de broder des mythes, de fomenter des contes, d’inscrire de nouveaux signifiants sur les corps et d’entremêler des images dont on espère qu’elles ouvriront la fenêtre sur l’« Autre » par-delà l’écran qui le cache. Du coup, pour atteindre le corps et en faire le point d’appui des fixations libidinales, il faudra le déshabiller. Il faudra aller directement à la dénudation, affronter le nu, ce sans quoi il n’y a nulle présence, il n’y a que manque.

Ceci dit, dans la mise en fonction de la sexualité en situation coloniale, il n’y a pas que le plaisir d’objet, et le phallos n’est pas le tout du désir. Tout ne se ramène pas à la ponction et au prélèvement sexuel. La capacité d’éprouver des émotions, d’avoir des attachements, d’éprouver l’amour demeure, même si, à cause de la structure raciste de la situation, elle se manifeste de manière nette sous une forme opaque. Le risque de destitution, n’être que ça, reste omniprésent.

La grande question est donc de savoir comment passer par le fantasme, sans y rester. Comment échapper à la langue et aux lèvres de l’« Autre » dès lors qu’elles sont devenues ce par quoi se manifeste désormais le sujet sexuel, et à l’aide desquelles il rentre désormais dans la vie ? En se défaisant de soi-même, au-delà du contact peau à peau. En retrouvant une partie de soi dans l’« Autre » – l’être dans l’« Autre » ; pas d’être sans « Autre ».

De fait, au cours de sa longue histoire et de son propre aveu, l’Occident aura entretenu avec le sexe et la sexualité un rapport exceptionnellement compliqué, marqué au coin par une anxiété originaire, et qui a fait l’objet d’innombrables études et commentaires savants. D’une part, peut-être plus qu’aucune autre région du monde, l’Occident aura été hanté par la question de l’origine de la jouissance sexuelle, de sa nature et de ses rapports avec le bonheur et la volupté, voire le délire et la mort. D’autre part, l’analyse de nombre de ses coutumes et expressions sexuelles – la pornographie y compris – montre qu’il aura accordé une place prééminente à l’étreinte génitale dont on a, au demeurant, pensé qu’elle était la manifestation d’une gigantesque énergie à la fois biologique et cosmique, en plus d’être la frontière originaire entre la nature et la culture.

Par le biais de l’orgasme en particulier, l’humain serait incapable de se détacher complètement de la nature et du monde des instincts. Moment cataclysmique et pinacle de la jouissance, l’orgasme signerait en réalité la défaite de l’homme totalement soumis, l’espace d’un instant, à une singulière puissance d’anéantissement, au lieu de collision des forces contradictoires de l’énergie et de l’entropie.

En un mot, mélange de plaisir et d’angoisse, la vie sexuelle recèlerait, dans ses bas-fonds, quelque chose de potentiellement immonde et relevant à la fois du bourbier et de la décharge. Laissées à elles-mêmes, les pulsions sexuelles feraient remonter à la surface ce que le sexe aurait d’abject et de marécageux. D’où la nécessité de réprimer les instincts en les civilisant, d’entourer les usages du sexe de maints interdits et préceptes moraux. Bref, sans la répression des pulsions sexuelles et leur sublimation, l’humanité aveuglée par ses passions serait condamnée à vivre sous le joug de ses désirs et empêchée de naître à la raison et à la maturité.

C’est contre ce récit relativement pessimiste de la vie sexuelle et du devenir-libre de l’humanité que se sont élevés la plupart des mouvements libertaires depuis, au moins, le XIXe siècle.

Quelles que soient les formes qu’ils auront prises, leur objectif final aura été plus ou moins le même, à savoir couper le lien entre la sexualité et l’imaginaire de la faute et de la culpabilité si profondément inscrit dans l’inconscient des sociétés d’Occident. C’est la raison pour laquelle la révolution sexuelle aura, pour l’essentiel, consisté à sortir du cercle qui fait de la sexualité une sorte de cloaque, tandis que la jouissance sexuelle n’apparaît jamais à la conscience que sous la forme de l’extase ou de la mort elle-même, une mort extatique.

Armé de ce récit, l’« homme blanc » – par quoi il faut comprendre la fiction de la puissance sans limite sous le régime de la plantation et dans les colonies – se heurtera à des corps étrangers. Habitué à vaincre sans avoir raison et grâce à l’emprise qu’il aura sur les espaces, les territoires et les objets, l’« homme blanc » découvre qu’il est effectivement possible de jouir sans remords, d’assouvir le caprice d’exactions et de déprédations de toutes sortes, y compris sur des corps transformés en objets, sans éprouver un quelconque sentiment de culpabilité.

Il s’apercevra qu’il peut littéralement vider l’« Autre » de son contenu et inscrire, à cette place vacante, sa vérité à lui, sous la forme de l’image ou de la silhouette. Il se rendra compte qu’il peut effectivement faire passer l’humanité conquise du statut d’une chose imaginée à celui d’une chose accomplie, la domination devenant, par le fait même, une affaire de soumission d’organes et de corps étrangers à la volonté d’un conquérant.

Les colonies en particulier furent, de ce point de vue, des laboratoires privilégiés, non seulement de la vie sexuelle, mais aussi du caractère libidinal de tout pouvoir. S’y expérimentèrent maintes formes du jouir, des jeux sadiques, diverses figures de la « libération à l’envers », c’est-à-dire aux dépens de plus faibles que soi-même. Ici en effet, la liberté sexuelle consista avant tout en le droit de l’« homme blanc » de disposer de toute femme comme s’il s’agissait d’un objet, la féminisation de l’« homme de couleur » venant en complément d’une spirale de la jouissance sadique.

En colonie en effet, il était possible de rompre avec l’idée selon laquelle refouler les pulsions sexuelles dans l’inconscient serait l’une des conditions pour atteindre des satisfactions substitutives. L’évidence tend à montrer que le sujet ne se structurait pas nécessairement au point de rencontre entre le désir et la loi vécue comme une modalité parmi d’autres de la répression. Il était possible de vivre en l’absence d’interdits et autres restrictions et de satisfaire les pulsions en tenant peu compte des tabous.

Sur un plan purement phénoménologique, il y eut donc dans l’acte de coloniser – aussi bien lors de la phase de la conquête, de la pacification que de la possession proprement dite – quelque chose d’une libido déchaînée, d’une combinatoire de pulsions (sexuelles, sadiques…) dont le propre était de faire constamment retour sur elles-mêmes.

Les colonies servirent de terrain inespéré à tous ceux pour qui l’expérimentation du plaisir s’inscrivait dans un grand rêve, celui d’une satisfaction génitale complète. Beaucoup d’entre eux étaient en quête d’une puissance de nature orgastique, la sorte de puissance qui n’avait nul besoin d’un socle symbolique, et qui pouvait de ce fait survivre à tout court-circuitage puisqu’elle excluait a priori toute possibilité de dette ou de culpabilité.

Par-delà les controverses sans objet, c’est donc à un examen approfondi de ce pouvoir orgastique et sa figure maudite, la fiction de l’« homme blanc », qu’invite ce livre, unique dans sa forme comme par son contenu, ou ses regards croisés.

À regarder le millier d’images produites tout au long de ce récit, certains croient reconnaître des choses qu’ils croient avoir déjà vues ou, plus grave encore, des choses qu’ils croient avoir eux-mêmes vécues. D’autres se surprennent à regarder, mais ils ne voient pas grand-chose et pour cause, le regard s’apprend et se cultive. D’autres encore croient voir ce qui, en réalité, ne figure nulle part, n’est montré nulle part. Tel est le paradoxe du pouvoir orgastique dès lors qu’il est mis en image. Du reste, n’est-ce pas en partie le propre de l’image que d’induire de fausses reconnaissances ?

En réalité, ce livre nous donne surtout à voir quelque chose de la fiction de l’« homme blanc » dans sa nudité, aux prises avec ses démons, son pied sur la nuque du reste de l’humanité, à commencer par les femmes racisées. Avec ces images, le porte-habit qui protégeait le mythe soudain tombe, le mensonge selon lequel la « mission civilisatrice » avait pour objectif l’affranchissement des esclaves et la libération des femmes. En réalité, l’idée selon laquelle le colonialisme était une version soft du féminisme est une aberration.

Dans la plupart de ces images, l’« homme blanc » se rêve en position de maître absolu face à des esclaves sans nom propre, interchangeables. Au sein de cet univers qu’il a conquis par le feu, il est le seul à disposer d’un corps humain. Il cherche à réduire tous les autres à l’état de nudité, des courroies et objets de rebut qu’il lui arrive de désirer, contre lesquels il peut cependant exercer des gestes de cruauté, qu’il peut faire tordre de douleur et qui suscitent à la fois horreur, attraction et répulsion.

Comme le remarquait Frantz Fanon, en situation de domination raciale, il y a peu de contact réel de personne à personne. Par contre, prévaut le contact entre une personne et son harem d’objets-personnes. Ceci vaut sur le plan de la vie sexuelle. Sans cesse fouettées par un insatiable phallus, la multitude de femmes qui peuplent les images rassemblées dans Sexe, race & colonies. La domination des corps du XVe siècle à nos jours, n’y apparaissent que comme des sujets-barres, en miroir. Elles sont chaque fois sommées de n’advenir à l’image que pour mieux constater leur propre disparition, car ce que célèbrent ces images, c’est le phallus en quête de son moment épiphanique, le spectacle de la domination coloniale faite domination génitale et conjuguant, de ce fait même, masculinisme et racisme.

Ces femmes n’ont aucune sexualité en tant que telle. La plupart du temps, elles ne sont que béance, des êtres de chair au service de quelqu’un d’autre, des corps disposés en séries, des combinatoires génitales. Elles servent surtout de preuve que l’« homme blanc », fiction de la puissance en territoire étranger, n’existe que par l’aiguillage de son sadisme, menace par la folie et la perversion chaque fois qu’il est exposé à Autrui.

La colonisation fut donc autant un événement visuel qu’une bacchanale des sens et des sensations. Les millions d’images qu’elle produisit recèlent cependant peu d’informations. Multiplication de formes sans contenus ? Profusion d’images, mais sensation de toujours voir la même chose ? Toute mise du pouvoir en images est-elle condamnée à ne produire finalement que des effets d’aveuglement ?

Tout cela, c’était hier, s’empresseront de dire ceux aux yeux desquels toute évocation de la colonisation ou du racisme est un inacceptable appel à la repentance. Or, justement, on n’en est qu’au début. Car à peu près partout, le mythe de l’« homme blanc », hydre aux mille têtes, refait surface. Et lorsque l’on dit l’« homme blanc », il s’agit bel et bien du nom qu’il faut donner à la puissance sadique, celle dont le principe est de trouver motif à excitation sexuelle dans des morceaux de corps que l’on aura auparavant racisés.

Les temps sont en effet propices à la prolifération de tels montages sadiques. Garder le pied sur la nuque du reste de l’humanité, telle demeure l’injonction. Mais un monde dans lequel nul n’est responsable de ses actes, ou la culpabilité n’existe tout simplement pas, et ou la débauche raciste est le garant de la puissance peut-il seulement durer ?

[1]. Nicolas Bancel, Pascal Blanchard, Gilles Boëtsch, Christelle Taraud, Dominic Thomas (dir.), Sexe, race & colonies. La domination des corps du XVe siècle à nos jours, Paris, La Découverte, 2018.

Design : www.graphipro.com | Développement : equity