Intitulé Domination sexuelle et ethnique en Corée colonisée : formation et structure de la prostitution coloniale, cet article d’Arnaud Nanta montre comment l’Etat japonais a reconfiguré le marché de la prostitution en Corée colonisée, notamment en réduisant considérablement le droit des travailleuses du sexe, le tout avec le complicité de certains patrons coréens.
» Le viol dans l’imaginaire colonial britannique : les leçons de la Mutinerie de 1857 » montre en quoi les viols de femmes anglaises perpétrés par des Indiens au cours de la révolte de 1857 sont devenus au XIXe et XXe siècle une image d’Épinal de la littérature britannique qui décrit, à grands renforts de stéréotypes raciaux, la lubricité et la brutalité des Indiens. Ces viols, dont la véracité fait encore aujourd’hui débat parmi les historiens, ont ainsi conforté les britanniques dans la justification civilisatrice donnée au projet colonial tout en les déculpabilisant quant aux exactions sexuelles qu’eux-mêmes perpétraient à l’égard des femmes indiennes.
Intitulé « Le voile et l’invention d’une sexualité musulmane », cet article de Bruno Nassim Aboudrar, historien de l’art, directeur du Laboratoire International de Recherches en Arts à Paris (LIRA) et professeur d’esthétique à Paris III-Sorbonne Nouvelle, explore l’évolution de la symbolique du voile musulman du VIIe siècle à aujourd’hui.
Par Christian Benoit et Antoine Champeaux, cet article s’intéresse à la cohabitation de soldats aux appartenances culturelles extrêmement diverses au sein de l’armée française, engagés dans la Première Guerre mondiale. Les auteurs dressent le portrait d’une armée française fraternelle, peu soucieuse des différences de couleur de peau, et souvent heurtée par le traitement que les autorités militaires américaines réservaient aux soldats noirs.
Par Gilles Boëtsch et Sébastien Jahan, cet article explore l’évolution des représentations coloniales de la sexualité entre Blancs et Indigènes du XVIe au XIXe siècles. Si les unions sexuelles inter-ethniques sont d’abord tolérées voire valorisées en tant que vecteur d’intégration des Indigènes au projet colonial, elles sont progressivement condamnées à mesure que la colonisation se racialise. Dès le XVIIe siècle, la sexualité entre colons et autochtones fait ainsi planer la « hantise » d’une dégénérescence de la race blanche par le métissage.
Cet article analyse la stigmatisation des unions inter-raciales en Indochine en tant qu’elles sont perçues comme attentatoires à la »politique de prestige »mise en place par les colons . L’auteure montre que la réprobation qui touche ce type d’union est d’autant plus forte lorsqu’elle implique des femmes « blanches » et des hommes « indigènes »car, dans ce cas, le racisme se conjugue au sexisme et au patriarcat.
Écrit par Emmanuel Cohen, anthropologue et chercheur postdoctoral à l’UMR-CNRS 7178 de l’Université de Strasbourg, cet article montre que, sous l’effet conjugué des fortes disparités économiques entre l’Europe et l’Afrique, des mutations des formes de matrimonialité en Occident (célibat de longue durée, monoparentalité, etc.), et de la baisse du contrôle social exercé sur la sexualité en Afrique, le Sénégal tend à devenir un des lieux privilégiés où se jouent, au travers de la prostitution, des rapports de pouvoir postcoloniaux entre hommes « blancs », auréolés d’un prestige socio-économique, et femmes « noires », désireuses m’améliorer leur condition de vie.
Dans cet article, Achille Mbembe envisage la colonisation comme un espace-temps particulier au sein duquel « l’homme blanc », par la déshumanisation des individus colonisés, a pu s’affranchir des contraintes religieuses et morales liées au sexe et assouvir des désirs de toute sorte sans éprouver un quelconque sentiment de culpabilité.