« Blue card » de Roméo Mivekannin
Comment mettre en scène et questionner le corps noir ? Comment faire dialoguer traditions ancestrales et monde contemporain ? Le travail de Roméo Mivekannin, dont on peut découvrir actuellement l’exposition « Blue card » à la galerie Éric Dupont, propose ces questions dans de grandes toiles à la frontalité impressionnante. L’artiste né en 1986 en Côte d’Ivoire, vivant entre le Bénin et la France, mêle au sein de sa pratique autant la sculpture, l’architecture que la peinture pour interroger ces corps — influencé par l’ouvrage « Sexe, race & colonies » — dont il ne découvre la couleur qu’à son arrivée en France. « […] en venant en France, le regard de l’autre m’a fait comprendre que j’étais différent et c’est alors que j’ai pris conscience que j’étais noir ». Ce corps devient alors le support d’enjeux sociologiques et historiques, dépassant les temporalités. C’est d’ailleurs au cours de sa participation en 2021 à l’exposition « Zoo humain. Au temps des exhibitions coloniales » organisée à l’AfricaMuseum (Tervuren) par le Groupe de recherche Achac que l’artiste réalise qu’il est « descendant de rois et en quelque sorte aussi descendant d’esclaves ».
