Africa Mia, la fabuleuse histoire des Maravillas de Mali
par Richard Minier
Richard Minier est producteur de musique et réalisateur de documentaires, de séries et de publicités. Il a fondé et dirige le label Heavy Surf. Il a produit différents artistes en Afrique, en Amérique du Sud ou dans les Caraïbes, comme Toots & The Maytals, Edwin Starr, Jehro, Marathonians ou Pauline Croze. Il a également participé à la production de séries télévisées comme Capitales Inconnues ou Mythiques Studios. Dans son dernier film Africa Mia, réalisé avec Édouard Salier sur un scénario co-écrit par Pascal Blanchard, il revient, cinquante ans plus tard, sur le parcours du groupe africain Las Maravillas de Mali qui a passé sept années à La Havane pour étudier la musique à l’époque de Castro et du Che. Pour ce documentaire, il est accompagné du dernier survivant du groupe, Boncana Maïga. Symbole du lien entre l’Afrique socialiste et Cuba, le parcours de ce groupe va être stoppé en 1968, avec le coup d’État au Mali. Retour sur une histoire mythique au cœur de l’Afrique post-indépendance. L’avant-première vient d’avoir lieu le 9 juillet au cinéma Louxor à Paris devant un public mobilisé autour de cette histoire incroyable et positive !!!
Africa Mia nous parle d’un temps lointain, celui de la Guerre froide et des indépendances en Afrique, celui des premiers temps de la world music, lorsque l’Afrique était une terre de métissage des cultures et des idées.
Dans cette Afrique postcoloniale, chacun cherche sa voie. Les Utopias croisent les solidarités internationales et ceux qui avaient lutté contre « l’oppression coloniale » ou pour la victoire du « communisme mondial » arrivent aux commandes des nouveaux États. Ce temps qui nous semble désuet et un peu kitch est pourtant l’antichambre de notre présent : c’est alors que commence à s’écrire la mondialisation que nous connaissons aujourd’hui.
Tandis que Cuba fait trembler l’Amérique et que l’Afrique découvre le « paradis soviétique », le « tiers-monde », au Mali comme ailleurs, voit naître une jeunesse dévoreuse de musique, de fête et de culture qui rêve alors de sortir de la longue nuit coloniale. Les syncrétismes les plus étonnants donnent alors à entendre un son qui parle encore aujourd’hui à nos émotions : celui de Las Maravillas de Mali, le groupe mythique de ces années fascinantes. À l’heure où l’Amérique ne rêve que d’abattre le petit frère cubain, le groupe offre à son pays et à tout le continent le premier tube africain « afro-cubain » : le mythique Rendez-vous Chez Fatimata. Après avoir passé dix ans à La Havane et fait danser Fidel Castro et Che Guevara, Las Maravillas et leur mélange unique s’imposent dans les bals populaires de toute l’Afrique et résonne sur les radios de tous les taxis brousse. C’est le son d’une époque, d’un continent, d’une culture.
Une Sono Mondiale qui, dans cette fin des sixties, n’a pas encore dit son nom.
Cette histoire dont rend compte le film Africa Mia, la fabuleuse histoire des Maravillas est aussi celle de la redécouverte de ce groupe mythique, il y a vingt ans, par Richard Minier, producteur de musique français. Fin 1999, commence alors sa quête des derniers Maravillas. Les images, les sons, les musiciens, les témoins seront tous retrouvés dans cette enquête au long cours menée et filmée par Richard Minier d’Abidjan à Bamako, de Gao à Niamey, de Paris à La Havane.
Ce film nous raconte aussi l’amitié entre Cubains et Africains réunis autour de ce projet et la relation intime qu’a pu entretenir durant ces vingt années le réalisateur avec Les Maravillas et plus particulièrement avec « le Maestro », Boncana Maïga, le dernier survivant de cette aventure, qu’il a ramené 50 ans plus tard à Cuba sur les traces de son passé.
Bienvenue dans ce « retour vers le futur » entre Bamako et La Havane.