Colloque international « Immigration, colonisation. Enjeux d’histoire / Enjeux de mémoire »
Par le Groupe de recherche Achac
Le Groupe de recherche Achac, associé au Musée de l’Homme, organise mercredi 20 septembre un colloque international intitulé « Immigration, colonisation. Enjeux d’histoire / Enjeux de mémoire ». Cet événement ambitionne de revenir sur l’histoire de l’immigration en France au XXe siècle, notamment au prisme des marches de 1983, pour l’égalité et contre le racisme, et de celle de 1998, en mémoire des victimes de l’esclavage. Cette journée exceptionnelle réunissant de nombreux spécialistes (militants, marcheurs, chercheurs, responsables de musées, responsables politiques et institutionnels...) sera aussi l’occasion de découvrir l’exposition « Portraits de France » et ses deux panneaux inédits conçus spécialement en mémoire des deux marches de 1983 et 1998, mais aussi de bénéficier d’une visite guidée de l’exposition « Plantu et Reza : regards croisés » en présence exceptionnelle des artistes Plantu et Reza et à l’invitation de la directrice du Musée de l’Homme, Aurélie Clemente-Ruiz. Le discours d’ouverture de cette journée de débats et d’échanges, avec près d’une trentaine d’intervenantes et intervenants, sera proposé par Olivier Klein, délégué interministériel à la lutte contre le racisme, l’antisémitisme et la haine anti-LGBT, et ancien ministre délégué chargé de la Ville et du Logement.
Cette journée est accessible à tous et toutes gratuitement, sans inscription, dans la limite des places disponibles.
Le discours d’ouverture de cette journée de débats et d’échanges, avec près d’une trentaine d’intervenantes et intervenants sera proposé par Olivier Klein, nouvellement nommé délégué interministériel à la lutte contre le racisme, l’antisémitisme et la haine anti-LGBT, et ancien ministre délégué chargé de la Ville et du Logement.
Fondé en 1989, le Groupe de recherche Achac mène depuis un travail historique sur l’histoire et la culture coloniale occidentale, et travaille à la valorisation de personnalités issues de l’immigration liées à l’histoire culturelle, politique, scientifique et économique française.
En 2011, le beau livre La France noire. Trois siècles de présences (La Découverte, 2011) introduisait plus de cinq cents documents d’archives illustrant cette histoire culturelle, politique et économique intense et méconnue. Cette même année, le Groupe de recherche Achac a conçu l’exposition « Histoire des Afro-Antillais en France », qui relate l’histoire oubliée des trois siècles de présences caribéennes et africaines dans l’hexagone, ainsi que la série Noirs de France. De 1889 à nos jours : une histoire de France, co-écrite par Juan Gélas et Pascal Blanchard, avec les interviews d’une quarantaine de témoins qui furent partie prenante de cette histoire. En 2014, le livre La France arabo-orientale. Treize siècles de présence (La Découverte, 2014) récapitulait l’historique de la présence des populations maghrébines, proche-orientales et ottomanes dans l’Hexagone et leurs contributions à l’histoire politique, culturelle, militaire, religieuse, artistique et économique de ce pays. Sa parution fut accompagnée de l‘exposition « Histoire des présences arabo-orientales ». Deux ans plus tard, la série Artistes de France et les expositions « Artistes et diversités en France (1900-2017) » et « Artistes des 4 coins du monde (1900-2017) » abordèrent l’histoire d’artistes provenant des quatre coins du monde, mais implantés au cœur de la culture française. Dans la perspective de ces ouvrages et expositions, s’est engagé le travail autour du recueil « Portraits de France ».
En 2019, le Président de la République annonce sa volonté de mettre en lumière dans l’espace public des personnalités qui ont contribué à l’histoire de France mais qui n’ont pas été retenues dans la mémoire collective. L’année suivante, Nadia Hai, ministre déléguée auprès de la ministre de la Cohésion des territoires et des Relations avec les collectivités territoriales, chargée de la Ville, initia le projet « Portraits de France », qu’elle confia à un conseil scientifique indépendant. De ces nombreuses réflexions naquit le recueil éponyme, qui retrace depuis la Révolution française à nos jours, 318 destins d’ultramarins, d’étrangers issus de tous les continents, d’enfants d’immigrés, de rapatriés, de naturalisés français... présentés sous forme de fiches biographiques.
À la suite de la parution du recueil Portraits de France, remis en 2021, une exposition fut créée par le Musée de l’Homme et le Groupe de recherche Achac avec le concours de l’Agence Nationale de la Cohésion des Territoires (ANCT) afin de proposer les parcours de vie exceptionnels de ces femmes et hommes. L’exposition « Portraits de France » après avoir été présentée au sein de l’établissement culturel parisien, circule désormais dans toute la France. En cette fin d’année 2023, son itinérance la conduira sur les pas des marcheurs de 1983, depuis Marseille jusque Paris en passant par Lyon, Strasbourg mais aussi Lille, pour commémorer les 40 ans de la marche pour l’égalité et contre le racisme, les 25 ans de la marche du 23 mai 1998, et au travers des nombreuses rencontres organisées tout au long de ce parcours, réfléchir ensemble à leurs legs.
Le colloque « Immigration, colonisation. Enjeux d’histoire/Enjeux de mémoire » s’inscrit donc dans la continuité de ces activités et du partenariat avec le Musée de l’Homme autour de « Portraits de France ». Cette journée sera inaugurée dès 9h15 par Aurélie Clemente-Ruiz et Pascal Blanchard. À 9h30, le discours d’ouverture sera prononcé par Olivier Klein, délégué interministériel à la lutte contre le racisme, l’antisémitisme et la haine anti-LGBT, et ancien ministre délégué chargé de la Ville et du Logement.
La première partie du colloque, de 10h à 13h, reviendra sur les marches et sur les enjeux de mémoire au travers de deux tables-rondes. La première, intitulée « Les marches : comment et pourquoi commémorer les marches de 1983 et 1998 ? Histoire, mémoire, transmission », permettra de revenir sur l’importance de ces deux événements et de leurs commémorations. Animée par Pascal Blanchard et Naïma Huber-Yahi, historienne et spécialiste des cultures et migrations maghrébines en France, elle réunira Salah Amokrane, militant associatif et coordinateur de l’association Tactikollectif ; Rachid Benzine, politologue et chercheur associé au fonds Paul Ricoeur ; Ahmed Boubeker, sociologue et spécialiste des enjeux de mémoire postcoloniale ; le père Christian Delorme, animateur de la marche de 1983 ; Greg Germain, acteur et participant à la marche de 1998 ; Adil Jazouli, sociologue et spécialiste des banlieues et des quartiers populaires et Nita Wiggins, autrice, journaliste et éducatrice américaine.
À 11h30, la deuxième table ronde « Les mémoires : enjeux de la mémoire et d’histoire. Comparaison France/États-Unis : de la marche de 1963 aux marches de 1983 et 1998 » sera l’occasion de faire l’état des lieux sur les marches de ces deux pays occidentaux, et d’examiner la manière dont chacun commémore ces événements. Animée par Frédéric Callens, conseiller auprès du directeur et en charge de l’animation du réseau et des partenariats au Musée national de l’histoire de l’immigration et Laetitia Helouet, présidente de l’Observatoire national de la politique de la ville, elle réunira David Assouline, responsable politique et acteur de la marche de 1983 ; Yvan Gastaut, historien et spécialiste de l’immigration ; Emmanuel Gordien, président du Comité Marche du 23 mai 1998 ; Nadia Hathoubi-Safsaf, journaliste et auteur de 1983-2013, la Longue Marche pour l’égalité ; Nonna Mayer, politiste à Sciences Po Paris et spécialiste du racisme ; Mohamed Mechmache, président et membre fondateur du Collectif ACLeFeu ; Aïssata Seck, responsable du programme citoyenneté, jeunesse et territoires à la Fondation pour la mémoire de l’esclavage et Djida Tazdaït, ancienne députée européenne et fondatrice des associations Zaâma d’banlieue et JALB.
Cette première partie de journée se conclura par un débat avec le public, permettant à tous et toutes d’échanger avec les intervenants.
En seconde partie de journée, à partir de 14h30, deux autres tables rondes permettront de réfléchir à l’histoire de l’immigration en France, et comment celle-ci se transmet dans les sphères patrimoniales et éducatives. La troisième table ronde, intitulée « L’histoire : comment écrire l’histoire ? Peut-on réparer l’histoire ? Comment dialoguer avec l’histoire ? (Immigration, colonisation, esclavage, retour des biens culturels, réparations...) » questionnera le rôle de l’histoire et son impact dans nos sociétés. Animée par Salah Amokrane, coordinateur de l’association Tactikollectif, et Nicolas Bancel, historien, professeur ordinaire à l’Université de Lausanne (UNIL), elle conviera Samia Chabani, déléguée générale de l’Association Ancrage ; Aurélie Clemente-Ruiz, directrice du musée de l’Homme ; Didier Daeninckx, romancier préparant un ouvrage sur Missak Manouchian ; Naïma Huber-Yahi, historienne et spécialiste des cultures et migrations maghrébines en France ; Serge Romana, président de la Fondation Esclavage et Réconciliation et Benjamin Stora, historien et spécialiste de l’Algérie coloniale.
À 16h, la dernière table ronde, intitulée « La transmission : le temps des musées, de l’éducation et des expositions : comment faire entrer l’immigration (les marches), la colonisation et l’esclavage dans le monde de la culture et des savoirs ? » reviendra sur la patrimonialisation de ces thématiques. Animée par Aurélie Clemente-Ruiz et Yvan Gastaut, historien et spécialiste de l’immigration, elle accueillera Frédéric Callens, conseiller auprès du directeur et en charge de l’animation du réseau et des partenariats au Musée national de l’histoire de l’immigration ; Laetitia Helouet, présidente de l’Observatoire national de la politique de la ville ; Katia Kuwaka, conservatrice en chef et directrice adjointe du Musée d’Aquitaine ; Vincent Lefèvre, directeur de la conservation et des collections du musée national des Arts asiatiques – Guimet ; Anne-Solène Rolland, directrice du patrimoine et des collections du musée du quai Branly – Jacques Chirac ; Dominique Sopo, président de SOS racisme et Lilian Thuram, président de la Fondation Éducation contre le racisme. À l’issue de cette table ronde, un temps de débat et d’échanges avec le public sera proposé.
Enfin, après les conclusions et perspectives de cet événement, le colloque se conclura à 18h30 par la visite de l’exposition temporaire « Plantu – Reza : regards croisés », actuellement présentée au Musée de l’Homme. Cette visite guidée sera présentée par le dessinateur Plantu et le photographe Reza, qui expliqueront leur collaboration artistique, abordant des thématiques qui leurs sont chères : environnement, conflits, inégalités, migrations, liberté de presse...
Pour plus d’informations sur cette journée (entrée libre) et l’exposition : achac-colloque.fr.