Les Jeux Olympiques ne sont pas seulement une compétition sportive : ils sont le reflet vibrant de l’histoire du monde. Nés en Grèce antique, symboliquement rétablis à Athènes en 1896 après des siècles d’oubli, ils n’ont cessé, depuis, de porter les espoirs, les fractures et les luttes de leur temps. En 2024, Paris a accueilli la trentième édition des Jeux d’été, un siècle après les Jeux de 1924. L’exposition emblématique « Olympisme, une histoire du monde » au Palais de la Porte Dorée a accompagné cette édition inoubliable, donnant à voir pour la première fois en France 130 ans d’évolutions géopolitiques, politiques, sociales et culturelles depuis la création des Jeux Olympiques modernes à travers les exploits des plus grands champions et championnes olympiques. Cette exposition, conçue par les historiens et co-présidents du Groupe de recherche Achac, Nicolas Bancel (Université de Lausanne), Pascal Blanchard (Université de Lausanne) et Sandrine Lemaire (CPGE Lycée Jean Jaurès de Reims) mais aussi les historiens Yvan Gastaut (Université de Nice Sophia Antipolis) et Stéphane Mourlane (Aix-Marseille Université) ainsi que les conservateurs du patrimoine Sébastien Gökalp, directeur du Musée de Grenoble, et Élisabeth Jolys-Shimells, cheffe du service des collections du Musée national de l’histoire de l’immigration, a réuni près de 600 œuvres, documents, films d’archives et photographies, à retrouver dans le catalogue de l’exposition (La Martinière, 2024). 

Un an plus tard, l’exposition « OLYMPISME. Une histoire du monde... en héritage » conçue par le Groupe de recherche Achac, avec le soutien de la DILCRAH, de l’ANCT, et de la Dgesco, et déjà vue par plusieurs centaines de milliers de personnes, particulièrement le public scolaire, permet de mettre en perspective l’histoire des Jeux Olympiques au regard des Jeux de 2024 mais aussi des prochaines éditions, de Los Angeles en 2028 aux Alpes Françaises en 2030.

Chaque olympiade s’inscrit dans une époque, un contexte politique, géopolitique, social. Elle raconte, à travers les corps en mouvement des athlètes, les bouleversements du monde : les guerres mondiales, les décolonisations, la Guerre froide, la mondialisation. Des figures comme Jesse Owens, Ahmed Boughéra El Ouafi, Derartu Tulu ou Elana Meyer incarnent, par leurs parcours et leurs performances, ces histoires à la fois individuelles et collectives. Leurs exploits ne sont pas que sportifs : ils sont politiques, sociaux, humains. Les Jeux ont toujours été un terrain de lutte. Pour les femmes, d’abord, qui dès les années 1920 et 1950, ont dû batailler pour exister dans un espace olympique façonné par des normes masculines. Pour les minorités, ensuite, venues des quatre coins du monde défendre leurs couleurs sur une scène trop longtemps réservée aux puissances dominantes. Ethelda Bleibtrey, Margaret Abbott ou Suzanne Lenglen ont ainsi ouvert la voie, brisant les conservatismes pour inscrire leurs noms dans l’histoire.

À travers les figures emblématiques des Jeux Olympiques et Paralympiques, cette exposition propose une relecture des olympiades comme autant de moments de fraternité, de solidarité et de luttes pour les libertés fondamentales. En éclairant le passé, elle donne aussi des clés de compréhension pour notre présent.

Cette exposition est le prolongement du programme « Histoire, Sport & Citoyenneté », plébiscité dans la France entière, de l’hexagone aux outre-mer. De 2020 à 2024, ce programme piloté par le Groupe de recherche Achac et la CASDEN Banque Populaire, a véhiculé les grandes valeurs du sport, tout en transmettant l’histoire des Jeux. Il a ainsi rencontré un large public, avec plusieurs millions de visiteurs, avec des mises en scène en plein air – à Rennes, à Bordeaux ou à Brive-la-Gaillarde – mais aussi de nombreux rendez-vous, depuis les conférences données en milieu scolaire par les historiennes et historiens du Groupe de recherche Achac, jusqu’aux colloques organisés de Marseille à Paris (et la venue exceptionnelle de Tommie Smith).

Depuis plus d’une décennie, le Groupe de recherche Achac porte le programme « Sports & Diversités », un travail de fond pour interroger les représentations, les enjeux de genre, d’écologie ou encore de géopolitique à travers le prisme du sport. Cette approche, à la fois populaire et exigeante, reste un pilier de l’action du groupe. 

Et l’aventure continue : au-delà de 2025, un nouveau programme exceptionnel est en préparation pour 2027, centré sur les Jeux olympiques d’hiver, en vue des Jeux des Alpes françaises en 2030. L’exposition « Olympisme. Une histoire du monde… en héritage » sera également présentée tout au long de l’année 2026 dans plus de 750 sites (mairies, associations sportives, établissements scolaires, médiathèques… et notamment en Outre-mer et dans les QPV).

En outre, les 9 et 10 décembre 2025, le Groupe de recherche Achac participera au grand congrès « Les Enjeux des Jeux », organisé à l’université de Toulouse. Deux tables rondes y seront proposées, réunissant historiens, athlètes, chercheurs, journalistes, acteurs du mouvement sportif et institutions engagées dans la réflexion sur le sport, ses mémoires et ses impacts sociétaux. Ces échanges porteront d’une part sur les héritages des Jeux de Paris 2024 — en termes de mémoire, de valeurs, de politiques publiques et de transformations sociales — et, d’autre part, sur les perspectives à l’horizon 2030 : quels enjeux, quels défis, quelles transmissions pour demain ? Ce colloque invite à une réflexion collective sur l’après-Jeux, et sur les héritages sportifs, culturels, sociaux et citoyens à inventer. Car penser le sport, c’est aussi penser le monde.