En 2024, la France célèbre trois dates clefs de l’histoire militaire récente : le 110^e anniversaire du début de la Grande Guerre (1914), le 80^e anniversaire de la Libération (1944) et le 70^e anniversaire de la fin de la présence française en Indochine et du début de la guerre d’Algérie (1954), date charnière des guerres de décolonisations. Dans ce contexte, cette exposition retrace l’histoire des étrangers et des soldats coloniaux ayant servi dans l’armée française, depuis le début du XIX^e siècle et tout au long du XX^e siècle, dont les flux ont influencé l’histoire migratoire, ainsi que les enjeux de mémoire dans le présent.

Nous avons choisi de retracer leur parcours au moment où, pour poursuivre son expansion coloniale, la France décide de recruter des soldats dans ses colonies. À la suite du recrutement des troupes de « supplétifs », qui pour la majorité se fonderont dans les troupes coloniales, et de leur participation aux conquêtes coloniales, la France a engagé ces combattants venus d’ailleurs dans tous les conflits majeurs du XX^e siècle : la Première Guerre mondiale (1914-1918), la Seconde Guerre mondiale (1939-1945) mais aussi toutes les guerres de décolonisations. Aux côtés des soldats issus des colonies et des territoires ultramarins, de nombreux étrangers, réfugiés ou immigrants, se sont également battus pour la France.

Si les conditions d’enrôlement puis de carrière des troupes coloniales constituent une singularité au sein de l’armée française, la présence d’étrangers n’en est pas moins une tradition. Au-delà de la Légion, cette présence se caractérise également dans des mobilisations et engagements spécifiques lors de la Première Guerre mondiale, par la présence d’armées étrangères lors des deux conflits mondiaux, mais aussi par l’engagement dans l’armée ou dans la Résistance à l’occasion de la Seconde Guerre mondiale d’étrangers ayant pour la majorité cherché asile en France.

La reconnaissance du sacrifice des combattants étrangers et coloniaux a été immédiate dans les armées mais a ensuite été marginalisée et instrumentalisée dans le récit national. En 2024, à l’heure des commémorations de la Grande Guerre, de la Libération et de la fin de la présence française en Indochine, il est essentiel de faire une place à la mémoire de ces combattants et à la connaissance de leur histoire. L’entrée en février 2024 au Panthéon de Missak Manouchian, résistant arménien communiste exécuté au Mont-Valérien par les troupes d’occupation allemande, revêt à ce titre une symbolique forte : l’hommage de la patrie. Dans cette dynamique, la présence de combattants coloniaux morts pour la France au Panthéon serait une démarche essentielle.