Ce nouveau livre publié dans la perspective des Jeux Olympiques d’été 2024 organisés par la France, rassemble une vingtaine d’auteurs pour analyser la notion d’héritage comme nouveau paradigme des sciences sociales dans l’étude des évènements olympiques et sportifs.

Les cadres d’analyse d’un événement olympique et sportif ont effectivement changé durant ces trente ou quarante dernières années. Donnant suite à une période strictement dominée par le débat des économistes entre études d’impact et analyses coût-bénéfice, les sciences sociales se sont emparées du sujet autour de la notion plus large des retombées des grands évènements sportifs. Il s’agissait d’étudier les retombées économiques, mais aussi sociales, politiques, culturelles… Puis, au début des années 1990, les équipes universitaires réunies par Wladimir Andreff autour de l’analyse des Jeux Olympiques d’hiver d’Albertville 1992 ont défendu la notion d’effet d’entraînement. Ce concept permettait d’étudier les effets d’une grande compétition sportive, mais aussi de la candidature à une telle organisation. Par exemple, la candidature olympique non retenue d’une ville produit un certain nombre d’effets d’entraînement (mise en relation des acteurs, visibilité…). Trente ans après, la notion d’héritage apparaît vraiment comme nouveau paradigme à la fois sportif, politique et scientifique dans la manière d’aborder ces événements olympiques et sportifs. Mot français mais dont l’usage s’est reconstruit à la suite de sa diffusion terminologique anglophone, heritage, il revient à la francophonie d’en préciser le sens, les apports et les enjeux. Ce livre constitue une étape en ce sens.

Ce principe d’héritage est parent des concepts de patrimoine et de legacy déjà précisés dans notre volume précédent – Héritages sportifs et dynamiques patrimoniales[1]. Ces recherches démontrent combien ce deuxième concept toujours plutôt anglophone se pense dans son rapport au futur. Un leg se prépare et il faut donc l’anticiper. Toutefois, il y a d’autres distinctions à réaliser en rapportant ce terme à ceux de patrimoine et d’héritage. Par exemple, dans le premier cas, il s’agit d’envisager la nature et le choix du leg à partir d’une sélection plus ou moins consciente de ce qui est transmis. Autrement dit, le lien mémoriel permettant d’engager l’identité du donneur et du légataire doit être questionné.

C’est sans nul doute le pari de l’héritage immatériel que veulent relever les promoteurs des Jeux de Paris 2024 avec la création du label Génération 2024 dont Thierry Terret – qui signe la préface du livre –, était le porteur en qualité de délégué ministériel aux Jeux Olympiques et Paralympiques. La dizaine d’autres cas d’étude présents au sommaire (la Coupe du monde de Football FIFA, le tournoi de Roland-Garros, les courses de lévriers en Irlande, le Lacanau Pro sur la côte Aquitaine, les Jeux Pyrénéens de l’Aventure…) donnent un recul à ce questionnement.

[1] Loudcher, J.-F., Suchet, A. & Soulier, P. (Eds.). (2022). Héritages sportifs et dynamiques patrimoniales. Montpellier: Presses universitaires de la Méditerranée.