Le Choix de l'Afrique de Catherine Coquery-Vidrovitch
Par le groupe de recherche Achac
Catherine Coquery-Vidrovitch, historienne spécialiste de l’Afrique subsaharienne et de la colonisation, professeure émérite à l’université Paris-Diderot, publie le 14 octobre 2021 Le choix de l’Afrique. Les combats d’une pionnière de l’histoire africaine. Dans ce nouvel ouvrage, elle effectue un retour en arrière sur sa carrière de chercheuse spécialisée sur l’Afrique, dans un domaine autrefois peu considéré dans les milieux académiques. Elle revient sur les combats pour porter ses convictions et sur les évolutions du traitement de la question coloniale au sein du débat public.
Le début de cette « ego-histoire » est intrinsèquement au métier de son auteure, celui d’historienne de l’Afrique. Si je me suis d’instinct intéressée à des cultures « autres » à l’époque coloniale, ce n’est pas par désir de déracinement anthropologique. C’est au contraire parce que ces « autres », en l’occurrence les Africains subsahariens, sont étonnamment proches : comme les Français sous l’occupation, ils ont été « occupés » ; comme les Français juifs, on leur a dénié leur qualité d’habitants ayant les mêmes droits que les autres. Bref, mon expérience et mon métier ont renforcé chez moi la haine du racisme sous toutes ses formes, quelles qu’elles soient.
D’où l’importance de l’enfance clandestine d’une fillette juive née dans une famille assimilée de longue date. Ce fut la première grande aventure de ma vie, celle qui m’a forgée, une des sources de mon insatiable curiosité et de ma défiance envers toute idéologie imposée. L’après-guerre a permis la genèse adolescente de la conscience politique qui a déterminé le choix de l’Afrique, à une époque, la guerre d’Algérie, où la discipline Histoire africaine n’existait pas encore en France. Les découvertes de terrain et la formation en études africaines, chacune s’enrichissant de l’autre, se déroulèrent dans le contexte formidablement formateur des années 1968. Cela aboutit, à partir de 1974, à la mise en œuvre, à l’université alors dite Paris-7 puis Paris-Diderot, d’un laboratoire de recherche unique en son genre, à la fois comparatiste et interdisciplinaire sur les pays du sud, dénommé, selon les mots de l’époque, « Connaissance du tiers monde », devenue plus tard SEDET (Sociétés en développement dans l‘espace et le temps) et aujourd’hui CESSMA (Centre d'études en sciences sociales sur les mondes africains, américains et asiatiques).
L’ouvrage se concentre ensuite sur ce qui fut le combat personnel d’une « émérite », l’importance de l’histoire africaine dans l’histoire du monde, à travers trois entreprises passionnantes : l’exposition, en 2017, au musée du Quai Branly-Jacques Chirac, de « L’Afrique des routes dans l’histoire », la contribution à l’histoire de l’esclavage africain dans le monde (ouvrage de synthèse et film Arte), enfin la responsabilité d’une partie de la nouvelle Historie générale de l’Afrique patronnée par l’Unesco.
Cela permet, en conclusion, de tenter un point sur l’évolution, sur ce temps relativement long, de l’histoire africaine de langue française.