Les tribunes

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Portraits de France : un recueil, une exposition et quelques grincheux… Par Yvan Gastaut et Pascal Blanchard 

Portraits de France : un recueil, une exposition et quelques grincheux…

Par Yvan Gastaut et Pascal Blanchard 

Portraits de France : un recueil, une exposition et quelques grincheux… Par Yvan Gastaut et Pascal Blanchard 

Yvan Gastaut est historien de l’époque contemporaine (XIXe-XXIe siècles), maître de conférences à l’Université Côte d’Azur (Nice). Il a notamment co-dirigé Générations, un siècle d’histoire culturelle des Maghrébins en France (Gallimard, 2009), La France arabo-orientale. Treize siècles de présences (La Découverte, 2013) et l’Atlas des immigrations en France. Histoire, mémoire, héritage (Autrement, 2021). Pascal Blanchard, historien, chercheur associé au CRHIM (Centre d'histoire internationale et d'études politiques de la mondialisation) à l’UNIL (Lausanne), codirecteur du Groupe de recherche Achac (Paris), est spécialiste en histoire contemporaine, notamment de la question coloniale et des décolonisations, mais aussi des immigrations. Codirecteur et coauteur d’une soixantaine de livres, notamment de Décolonisations françaises. La chute d’un Empire (La Martinière, 2020) ou Colonisation & propagande. Le pouvoir de l'image (Le Cherche Midi, à paraître en mars 2022). Ils ont travaillé tous les deux, à la demande de la ministre déléguée à la Ville et du président la République, à l’élaboration du recueil « Portraits de France[1] » (remis en mars 2021) et ont été tous deux commissaires, aux côtés d’Aurélie Clemente-Ruiz, de l’exposition éponyme au Musée de l’Homme qui vient de fermer ses portes (le 14 février 2022) après un beau succès auprès du public pendant deux mois et demi. Ils dressent dans cette tribune le bilan du travail autour de ce recueil et s’attachent à comprendre les quelques critiques d’irréductibles grincheux.

Notre époque est exigeante envers les historiens : elle leur demande des récits toujours plus divers, toujours plus complexes, toujours plus en écho avec le présent. Face à ce désir, les conservatismes sont nombreux et parfois radicaux comme au sein de Valeurs actuelles[2]  ou dans Le Figaro[3] avec de brutales campagnes de dénigrement. Ils accusent ceux qui portent un regard ouvert sur le passé d’« indigénistes » ou qualifient la démarche de réflexion sur les noms de rues d’une « périlleuse concession » aux radicaux wokistes[4] !

Avec le recueil « Portraits de France », remis au gouvernement en mars 2021, nous pouvons dire que nous avons « expérimenté » une multiplicité de réactions : d’incroyables partages et des échos favorables dans toute la France, mais aussi des critiques vives et sournoises. Alors que la très belle exposition inspirée du recueil de 318 personnalités issues des immigrations et des outre-mer ferme ses portes au Musée de l’Homme, l’heure d’un premier bilan intermédiaire est arrivée. Nous avons souhaité revenir sur ce travail et évoquer des critiques qui exposent de manière explicite comment certains refusent tout changement au nom d’un immobilisme et d’un conservatisme d’un autre temps.

 

Portraits de France, quel projet, pour quels enjeux ?

Tout d’abord, il convient d’expliquer de quoi on parle. Portraits de France, c’est quoi ? Un recueil de 318 noms, des personnes issues des immigrations ou des outre-mer, qui ont choisi la France, se sont engagées dans des destins remarquables ou sont devenues françaises. Une liste de 318 biographies pour proposer aux élus un plus large éventail de perspectives pour baptiser des rues, inaugurer des places ou nommer des bâtiments.

C’est aussi une exposition à succès qui vient de fermer ses portes au Musée de l’Homme et qui – tout un symbole – avait été inaugurée le 1er décembre 2021, au lendemain de la panthéonisation de Josephine Baker. Ce projet va se poursuivre. De nombreuses inaugurations de rues, de places, de médiathèques, de complexes sportifs, d’écoles et de bâtiments publics sont prévues et programmées en 2022. Enfin, tout au long de l’année 2022, cette exposition va devenir itinérante et voyagera dans toute la France.

C’est cela Portraits de France, et c’est aussi beaucoup d’autres choses. Au-delà de l’entrée symbolique au Panthéon de Josephine Baker — une des personnalités du recueil —, c’est un gymnase Victor « Young » Perez (anciennement Bercy-Bastille) à Paris, une place Đỗ Hữu Vị à Paris et une cérémonie à Chasselay en l’hommage des tirailleurs sénégalais assassinés en juin 1940, une bande dessinée sur le premier président afro-caribéen du conseil municipal de Paris Severiano de Heredia[5], mais aussi une exposition au Palais de la Porte Dorée autour de « Picasso l’étranger », une autre au Musée des Arts et Métiers autour de Rachid Taha ou encore celle qui se prépare sur l’émir Abdelkader au Mucem à Marseille pour avril 2022… C’est aussi un programme de l’Éducation nationale et une journée dédiée à Portraits de France le 4 avril 2022 pour les élèves[6]. Portraits de France c’est tout cela, en une année, et certainement beaucoup d’autres initiatives et actions pour rééquilibrer notre présent au regard de l’histoire. C’est peu (pour certains), c’est aussi beaucoup (pour d’autres) pour promouvoir une histoire plus ouverte dans une période de forte tension identitaire. En tout cas, c’est concret et c’est la fierté des historiens qui ont rédigé les 318 notices bibliographiques de ce recueil, comme des dix-huit membres du conseil scientifique qui ont validé et retenu ces noms parmi trois mille noms à l’origine du projet.

Portraits de France est, à l’origine, une commande du président de la République Emmanuel Macron, et un projet piloté et remis à la ministre déléguée à la Ville Nadia Hai en mars 2021[7]. C’est le récit d’une histoire qui s’écrit depuis la Révolution française jusqu’à nos jours, mais que certains à la droite de la droite, à la gauche de la gauche mais aussi dans d’autres mouvances moins clairement identifiées, ne partagent pas. La critique contre cette dynamique — qui reste minoritaire, rappelons-le — se résume notamment à travers les apostrophes de quelques polémistesRevenir ici sur leurs démarches critiques — comme nous l’avons proposé dans L’Obs[8] et comme nous le développons dans la présente tribune —, c’est éclairer les blocages qui demeurent dans notre société pour une plus grande ouverture à la « diversité ».

 

Rappeler notre démarche, au cœur du travail de l’historien

Rappelons-le, le travail a été fait le plus sérieusement du monde ! Et d’abord, d’où sortent ces noms ? Un conseil scientifique de dix-huit personnalités, (chercheurs, romanciers, acteurs associatifs, directeurs de musées et responsables d’institutions publiques) a, sur la base de plus de trois mille noms identifiés au départ, après des débats nourris et de longues délibérations, voté pour 318 personnalités. Leurs biographies, comme le travail sur les références bibliographiques, ont été pilotées par une quarantaine de spécialistes (historiens et sociologues majoritairement). L’un de nous deux a présidé le conseil scientifique tandis que l’autre pilotait l’équipe de chercheurs-rédacteurs. Nous sommes tous deux des chevilles ouvrières de cette dynamique. Nous assumons ce travail, fondé sur le métier d’historien, en totale indépendance et au service de la République de notre pays.

Nous écrivions dans l’introduction du recueil — désormais consultable et téléchargeable en ligne par chaque citoyen : « Le modèle est simple. Les profils sont divers : Ultramarins, étrangers venus de tous les continents, fils d’immigrés, rapatriés, naturalisés français ou personnalités restées étrangères en France tout en y bâtissant leur destin… Avec deux idées fortes : un rapport très fort à l’Hexagone, être de sa périphérie et s’y être installé (ou ses parents) de manière ponctuelle ou définitive. » Mais, pour certains, à la droite de la droite et à la gauche de la gauche, un tel projet est jugé « inacceptable », perçu soit comme une survalorisation des « identités » soit comme une trahison de l’engagement du chercheur. Il est donc jugé illégitime, « mal fait », vu pour les uns comme « l’anti-France » et pour les autres comme une glorification de la « race ».

Si ces visions critiques restent isolées et que Portraits de France a reçu un écho largement positif — à l’image du succès de l’exposition au Musée de l’Homme[9] et de la grande soirée-débat le 18 janvier 2022 au Musée national de l’histoire de l’immigration[10] —, il n’empêche qu’il est important d’analyser les raisons profondes de ces attaques dont l’objectif unique est de dévaloriser cette démarche, la rendre illégitime voire néfaste et dangereuse. Il apparaît en effet que les protestations, par-delà des jalousies inhérentes à notre « petit monde » de la recherche, nous permettent de comprendre les crispations du temps, et les obstacles pour bâtir une société plus ouverte au monde et aux récits divers.

Nous avons retenu deux exemples — politiquement opposés au premier regard, mais assez médiatiques et assez illustratifs d’une méthode de dénigrement pour figurer comme paradigmes dans notre analyse —, avec les critiques de Julien Volpner[11] et de Gérard Noiriel[12]. L’un est conservateur de musée en Belgique (AfricaMuseum) et l’autre est historien, spécialiste des immigrations, initiateur, sous Jacques Chirac, de la création de la Cité nationale de l’histoire de l’immigration devenue le Musée national de l’histoire de l’immigration. Comme nous, ces deux personnes naviguent entre recherche/histoire et transmission/mémoire en lien avec le monde des musées. Tous les deux interviennent plus ou moins régulièrement dans l’espace public avec des positionnements politiques opposés — l’un vient d’ouvrir une exposition au Musée du quai Branly sur les œuvres du Congo et l’autre participe à un essai collectif anti-Zemmour dénonçant l’instrumentalisation de l’histoire par ce candidat aux élections présidentielles — et tous les deux nous reprochent le travail de longue haleine que nous avons produit (ses objectifs, notre méthodologie, nos intentions, nos résultats…) et font de Portraits de France une sorte d’antéchrist. Le décor est posé… et il nous semble essentiel de comprendre leurs motivations et d’analyser leurs méthodes respectives (via les médias) et leurs objectifs.

 

Une attaque sans fondement ?

Avec Julien Volpner, tout commence par une note de l’Institut Thomas More (think tank libéral et ultra-conservateur, dans lequel on retrouve notamment le polémiste-activiste désormais présentateur vedette sur CNews Mathieu Bock-Coté — remplaçant d’Éric Zemmour en campagne —, l’ancien ministre ultraconservateur Charles Million, l’entrepreneur réactionnaire Charles Beigbeder ou le directeur de Causeur Gil Mihaely), datée du mois d’octobre 2021 dans laquelle il propose une analyse « approfondie » du recueil Portraits de France.

Tout est surprenant pour ne pas dire surréaliste dans cette analyse de plus de trente pages de ce conservateur en charge des collections africaines au Musée royal de l’Afrique centrale (AfricaMuseum) à Tervuren en Belgique — où justement à ce moment Pascal Blanchard est l’un des co-commissaires de l’exposition sur les « zoos humains » qui rencontre un important succès —, qui explique page après page que rien n’est bon et que lui aurait fait beaucoup mieux.

Il s’inquiète, dès l’introduction de son « étude », d’une dérive « multiculturaliste, décoloniale et racialiste » du discours de l’État français à travers ce recueil qui viendrait alimenter une idéologie « déconstructrice » — un terme largement relayé par les militants de l’Observatoire du décolonialisme[13], notamment depuis leur colloque au parfum de scandale les 7 et 8 janvier 2022 à La Sorbonne — qui aurait cours, selon lui, au plus haut sommet de l’État comme si un grand complot se préparait pour abattre la France ! Et ce recueil en serait le symbole, le symptôme et le stigmate, tout à la fois. Et c’est là que l’on comprend la méthode : une prétendue contre-enquête qui permet de dénigrer et d’accuser d’anti-France.

Or, le projet Portraits de France est précisément tout le contraire de ce qu’affirme Julien Volpner et il y a là un immense problème : comment voir le « communautarisme » dans ces parcours de vie qui sont autant de mémoires françaises mettant en scène des personnalités qui ont lié leur destin exceptionnel à celui de la France ? Agiter cette dérive pour fustiger notre projet relève d’une incroyable malhonnêteté : qu’entendre par « communautarisme » dans les lignes de Julien Volpner ? Vouloir découdre un peu plus le tissu qui nous permet de faire société ? Favoriser le repli sur soi, le « séparatisme » que le président de la République s’emploie à dénoncer ? Soyons sérieux, quiconque prend le soin de lire Portraits de France comprendra que le projet est aux antipodes de cette approche. Un peu de nuance s’impose : la forme très manichéenne de cette attaque s’avère clairement politique (et polémique) ce qui n’est pas très loyal lorsqu’on se pare de la science. Mais l’objet unique est de produire une « étude » pour que celle-ci soit ensuite une « référence » pour la presse conservatrice et radicale.

 

Un surprenant faisceau de critiques

Mais revenons sur les différentes strates de son réquisitoire. Julien Volpner porte ses critiques sur cinq points jugés par lui « problématiques ». À travers ce qu’il s’autorise à nommer la « diversité de sang », concept horrible que nous n’avons jamais employé et que nous récusons, c’est lui qui « biologise » et « racialise » l’analyse ce qui n’est en aucun cas le propos (nos « profils » sont des personnes issues des immigrations ou des territoires ultramarins). Où aller chercher tout cela ? Pourquoi ramener la « race » dans cette histoire ? Pourquoi se focaliser sur le nombre d’Algériens (dont l’émir Abdelkader) dans ses attaques ? Pour dénigrer dès sa conception la démarche.

Pourtant, rien de biologique dans Portraits de France, seulement des itinéraires de vie marqués par les tourments ou les engagements de l’histoire. Si les « origines » sont mises en scène parce qu’elles expliquent en partie les individus, rien n’est jamais essentialisé. Pointer du doigt la part d’italianité d’un Émile Zola n’est en rien l’assigner à cette catégorie, il s’agit simplement de se donner l’opportunité de comprendre que l’un des plus grands écrivains français peut être aussi envisagé à l’aune de cette dimension, de son parcours et de celui de ses parents, rien de plus. Dire que Zola est « italien » serait absurde, en revanche considérer que Zola a une part d’italianité en lui nous permet d’ouvrir une perspective sur le personnage. Pourquoi remettre en cause la nécessité d’un récit commun en mettant en exergue tout à la fois l’émir Abdelkader, le nageur juif d’Algérie Alfred Nakache ou le chanteur kabyle Slimane Azem dans leur intense rapport à la France, en prétendant qu’il y aurait « trop d’Algériens » ? Envisager Marie Curie à travers sa polonité, n’est en rien l’enfermer dans ses origines ou la « racialiser » : il s’agit simplement de pointer les complexités des Françaises et Français que nous avons choisis.

Soyons clairs une fois pour toutes : aucun des noms de ce recueil n’est assimilé à une hypothétique « diversité de sang » qui, outre susciter l’effroi, n’explique rien. Parlons plutôt d’une « diversité des parcours » souvent tortueux et chaotiques qui ont tous mené à la France.

Critique recevable ensuite, Julien Volpner insiste sur le fait que bien des noms que nous mentionnons bénéficient déjà d’au moins un nom de lieu dans l’espace public (57% d’entre eux selon lui, en réalité 65% lorsque l’on effectue un travail précis) : nous sommes d’accord. Mais, d’autres paramètres sont à prendre en compte : le nombre, le type de bâtiments ou de rues et la géographie de ces références qui en disent long aussi sur la relation centre-périphérie dans notre histoire. La République, il est vrai, a déjà œuvré en ce sens, et c’est tant mieux. Mais, à nos yeux, pas complètement et pas assez sur tous les territoires. Donc, loin de nous l’idée de considérer que rien n’a été fait auparavant, juste l’ambition d’accompagner un processus en offrant un outil, qui propose, aux représentants politiques mais aussi aux enseignants et finalement aux citoyens d’autres visages de notre histoire, sans renier ceux que nous connaissons déjà plus ou moins bien. Ce recueil permet d’aller plus loin, de travailler en profondeur et de proposer une plus large présence de ces personnes issues des outre-mer ou des immigrations (au-delà des 2% actuels, en ne considérant que les personnes liées au récit « français » et non des étrangers de l’étranger) dans ces noms de rues et de bâtiments publics.

En outre, nous n’imposons rien, nous proposons, nous suggérons… Finalement, la balle est dans le camp des élus, des conseils municipaux (comme à Amboise avec l’émir Abdelkader ou dans le XIIe arrondissement de Paris) et décideurs dans divers cadres. C’est à eux de décider ou pas de puiser dans cette liste, non pas forcément pour remplacer des noms de rues existantes, mais pour en proposer de nouveaux afin de baptiser de nouvelles artères ou de nouveaux sites. Car, oui, c’est bien dans l’odonymie que se manifeste notre premier panthéon. Il est donc vrai que la France honore, parfois depuis longtemps, certaines figures « issues de la diversité ». Mais, élargir le cadre nous semble essentiel pour, justement, lutter contre toutes les formes de radicalités.

Reste à expliquer ce que nous entendons par « issu des diversités » : bizarrement, sur ce point, notre détracteur ne s’aventure pas alors que – disons-le tout net — le débat sur ce point a été permanent dans notre équipe. Offrons donc à Julien Volpner un autre bouquet de possibles critiques, autrement plus intéressantes que les siennes. Nous arguons qu’être « issu des diversités » s’appréhende à travers le contexte d’une époque qui vous catégorise comme « Autre » mais aussi à travers un ressenti personnel, un rapport intime à sa propre histoire. Ainsi pourra-t-on dire qu’Isabelle Eberhardt, Isadora Duncan ou Gisèle Halimi sont issues de différentes altérités : notre analyse a tenté de mesurer d’abord les regards portés sur elles à leur époque mais aussi leur propre perception de la pluri-appartenance, sans oublier l’intensité ou pas de leur présence dans la mémoire nationale en mesurant les usages et ré-usages des personnages dans divers contextes de leur vivant ou – plus souvent — après leur mort.

Autre point majeur, l’accusation de présentisme ! Notre travail ne remonterait pas assez loin dans le passé. Attaquer le recueil sur les questions des temporalités relève d’un nouveau coup bas et d’un esprit tordu. En effet, commencer notre travail en 1790 est un choix totalement assumé dès l’introduction (et expliqué dans celle-ci). Et que Julien Volpner en déduise que nous faisons commencer l’histoire de France avec la Révolution nous consterne. L’argument est absurde, sans fondement : ce conservateur aurait-il vocation à écrire tout de go une histoire universelle de la France des origines à nos jours ? On peut le regretter mais les glorieuses époques de Louis-Philippe Ségur, Jules Michelet ou Albert Malet sont révolues. Nous sommes spécialistes d’histoire contemporaine et cela est déjà bien suffisant ainsi. Mais pourquoi pas s’adjoindre des spécialistes d’autres périodes pour un prolongement du projet en élargissant le cadre temporel : mais cette idée risquerait de nous amener à relancer le sempiternel débat quelque peu poussiéreux sur les « origines » de la France.

Contrairement à ce qu’affirme haut et fort Julien Volpner, la colonisation n’est en rien l’événement central de ce recueil, loin s’en faut. L’axe fort se situe ailleurs : pour avoir fréquenté de près ces multiples parcours, ce sont surtout les deux guerres qui marquent indéniablement les grandes ruptures biographiques de nos héros. Ceci dit, l’histoire coloniale fait aussi partie de l’histoire de France et a marqué certains des 318 parcours, visiblement au grand dam de Julien Volpner. Au diapason de certains esprits peu clairvoyants sur notre histoire, pour lui, l’émir Abdelkader n’a rien à faire dans l’espace mémoriel français, et nous, nous disons exactement le contraire. De telles positions risquent de conduire à des réactions destructives, à l’image du saccage à la disqueuse de la statue de l’émir Abdelkader par des imbéciles représentatifs des franges les plus extrêmes de la haine, à quelques heures de son inauguration par les autorités locales et nationales[14] le samedi 5 février 2022 à Amboise.

Si la bêtise préside à de tels actes anti-citoyens, ils n’en sont pas moins significatifs d’une ambiance nauséabonde dans notre France qui a pourtant beaucoup évolué sur les questions de tolérance. Dans les jours qui ont précédé cet acte de vandalisme, les attaques contre l’hommage à l’émir ont été si nombreuses sur les réseaux sociaux, que l’on pouvait s’attendre à un tel résultat[15]. Cet air du temps contrarié vient autant du terrain que, pire, de certains intellectuels au raisonnement parfois inquiétant, dans un monde des idées qui se brouille et s’embrouille.

L’émir Abdelkader (1808-1883), dont la biographie a été beaucoup étudiée notamment, il y a trois décennies, par le regretté Bruno Étienne, est non seulement l’une des personnalités du rapport Stora sur l’Algérie[16] mais aussi l’une des figures du recueil Portraits de France[17]. On ne peut que constater que le rapport au passé, à l’histoire, à la diversité et à nos identités collectives se fixe sur des symboles : construire ou détruire ! Et dans un tel contexte, les écrits précédent les actes.

 

Donner des leçons, c’est si facile…

Plus loin, nous indiquant qu’il est originaire de Franche-Comté, Julien Volpner se fait plaisir à nous donner la leçon sur les supposés manques en matière territoriale en prenant l’exemple de cette région : merci pour ce catalogue d’érudition qui, outre le plaisir que s’octroie l’auteur, n’apporte aucune approche constructive du sujet. Dommage qu’il n’ait pas bien lu, car il aurait découvert que la région Bourgogne-Franche-Comté est l’une des mieux représentée dans le recueil…

Quant à la sous-représentation des femmes, quelle surprise ! Notre parangon de l’air du temps nous accuse d’être de vilains machistes oublieux des figures féminines qui ont jalonné l’histoire de France. Le conservateur zélé entend nous prouver qu’il connaît certains parcours féminins que nous n’avons pas retenus en nous proposant les profils bien connus de la peintre Marie Bashkirtseff ou l’auteure Nancy Cunard que nous retiendrons — comme d’autres — pour la suite bien évidemment et pour le prochain recueil. Il nous prouve qu’il aurait pu faire partie de l’équipe des rédacteurs s’il n’était guidé par une vision étroite du thème comme nous l’avons fait en réunissant un Conseil scientifique à large spectre de Salah Amokrane à Rachel Khan, de Leïla Slimani à Nicolas Bancel avec des débats parfois vifs mais toujours constructifs. Julien Volpner devrait cependant éviter de jouer l’anachronisme en nous demandant l’impossible : réécrire une histoire de l’égalité entre hommes et femmes au moment où celle-ci n’existait pas, ni dans la loi, ni dans les mentalités.

Il convient de lui rappeler que ce travail sur la féminisation des noms de rues est en marche depuis plus de dix ans, à travers moult initiatives ; la nôtre était fondé sur une approche : la diversité des destins, en lien avec l’immigration et les outre-mers. Nous accusant de « déconstruire » l’histoire, notre défenseur de la morale voudrait-il la déconstruire à son tour ? La présence de femmes a longtemps été faible dans l’espace public, de multiples travaux l’ont montré depuis quarante ans. Il est donc vrai que la part des femmes est plus faible lorsque l’on s’attache aux immigrations et aux périodes anciennes, c’est un choix assumé et une manière de regarder notre histoire en face. Mais, il est totalement faux de dire que l’ouvrage des 318 noms néglige l’apport féminin. D’ailleurs l’exposition du Musée de l’Homme Portraits des France, elle, a été conçue à parité en choisissant de mettre en exergue 29 femmes et 29 hommes choisis dans la liste des 318. Tout comme l’exposition itinérante qui, à partir de mars 2022, sera diffusée dans toute la France. Un processus est en marche, celui d’ouvrir les portes et les fenêtres de la culture française à tous ses apports. Le travail ne fait que commencer, il est stimulant, nous enrichit de multiples découvertes et connections. C’est cela « faire de l’histoire » ; ce n’est faire un calcul d’épicier pour dénigrer toute avancée féconde.

N’oublions pas que plus de trois mille noms ont été évoqués/proposés au début du processus et que ce travail n’est en rien exhaustif mais une première étape qui en appellera d’autres dans l’avenir. L’entrée au Panthéon de Josephine Baker, les demandes pour Gisèle Halimi, Missak Manouchian ou Gaston Monnerville, les inaugurations d’écoles ou de bibliothèques montrent que ce travail répond à une demande sociale forte. Pourquoi le nier ?

Mais notre Saint-Just de l’ultra-droite, activiste régulier de l’Institut Thomas More, apôtre du refus de toute restitution à l’Afrique de son patrimoine[18], révèle sa véritable « mission » dans un entretien qui a relayé son « étude » dans… Le Figaro[19]. À peine publiée, l’étude faisait l’objet d’un long article-interview et s’inscrit dans une stratégie de plusieurs articles critiques publiés les semaines précédentes[20]. Cet article-interview est un parfait reflet de la méthode des fake news et de désinformation autour du recueil. Tout d’abord, faire croire que ce n’est pas une action collective, mais une volonté individuelle. Le titre résume tout : « Rapport Blanchard : Doit-on choisir les noms de rues au seul motif de l'origine des personnalités ? » Puis, tout réduire à « l’origine » et non au parcours, l’attaque est assez proche d’un précédent article, toujours dans Le Figaro, d’Alexandre Devecchio laissant entendre que ce travail ne pouvait être l’œuvre que d’un « indigéniste ». Grotesque ! Julien Volpner entend « dénoncer la méthode et l’idéologie » derrière ce recueil. Car tout est idéologie à ses yeux ! En outre, Pascal Blanchard n’est pas qu’un historien, mais en réalité un « entrepreneur » comme le prouve ce recueil réalisé en quelques mois, et le président de la République n’est qu’un monarque, qui seul aurait « décrété que les noms de rues n'étaient pas assez diversifiés et que le travail odonymique fait en France depuis des décennies ne reflétait pas une partie de la jeunesse française. »

Enfin, du haut de sa science, il nous délivre sa sentence ultime : « La proximité ne provient pas du sang, mais des valeurs et des idéaux. » Sublime, il vient de (ré)inventer la République. Il conteste enfin la présence de certaines personnalités (comme Édith Piaf) et dénonce le scandale de l’absence d’« Olympe de Gouges » (alors qu’elle n’est pas liée à l’histoire des immigrations), mais aussi André du Ryer (qui est le premier traducteur du Coran au XVIIe siècle… mais qui est hors période ce que Julien Volpner sait parfaitement) ou Lu Xun (dont il reconnaît lui-même qu’il n’a jamais vécu en France). Un bonheur d’érudition… mais totalement inutile et à chaque exemple contradictoire.

Il est génial ce Julien Volpner, spécialiste des « arts africains » qui ne va jamais en Afrique et refuse de regarder autrement ces statues qu’au travers de son œil d’Occidental — il est actuellement le commissaire d’une exposition au Musée du quai Branly, sur les sculptures du Congo, et La Gazette de Drouot vient de préciser (le 4 février 2022, article de Sarah Hugounenq) la « part d’ombre » de sa démarche, critiquant son incapacité à questionner ces œuvres et refusant toute « décolonisation de la pensée » par principe et affirmant fièrement « mener (ses) recherches comme bon (lui) semble » ; et l’auteure de l’article de conclure : « Cette exposition révèle peut-être davantage la part de l’ombre de nos musées que des œuvres » —, et qui a peur d’une exposition sur les « zoos humains » à l’AfricaMuseum et qui, au final, nous donne des leçons pour démontrer en fin de compte que le « grand remplacement » est, à ses yeux, en marche et que tout cela commence par les noms de rues.

Si vous voulez rire un peu, lisez son étude, c’est un parfait objet de dénigrement rempli d’idéologie.

 

Et à gauche alors ?

En fait, c’est la même chose. On découvre cela sous la plume et par la voix de Gérard Noiriel, historien réputé de l’immigration dans une chronique de quatre minutes sur France Culture[21]. Il n’y va pas dans le détail en titrant son propos « ce n’est pas aux historiens de changer les noms de rues ». Merci du conseil grand professeur !

Mais quelle malhonnêteté dès ce titre ! Où voit-il que les historiens changent les noms de rues ? Ils offrent des biographies pour que les élus puissent choisir, c’est un peu différent, non ? Gérard Noiriel l’a peut-être oublié, mais c’est aussi le travail des historiens de rédiger des récits biographiques, comme il l’a lui-même fait en s’attachant à la vie du clown Chocolat (lui aussi figure dans le recueil des 318) qui a été ensuite adaptée dans un film grand public avec Omar Sy en 2016. À cette époque, personne n’avait élevé la voix pour dire que ce n’était pas aux historiens de proposer des films et de conseiller les réalisateurs. Pour un historien qui a œuvré à la création du Musée national de l’histoire de l’immigration dans les années 2000 avec les équipes mises en place par Jacques Chirac, étant même considéré comme l’un des pères fondateurs de ce lieu contre lequel il s’est, depuis, retourné, la critique est ubuesque[22].

Sa chronique commence plutôt bien lorsqu’il précise, tirant néanmoins toujours la couverture à lui : « il s'agit là d'un travail mémoriel d'autant plus utile que j'ai moi-même contribué à une entreprise de ce genre, il y a une vingtaine d'années, en participant à la mise en place de la Cité nationale de l'histoire de l'immigration, la CNHI devenue aujourd'hui un musée. » Mais, il change vite de dimension, car lorsqu’il le fait, lui, c’est pour « enrichir la mémoire collective » et nous lorsque nous le faisons, nous, c’est pour « défendre des causes identitaires ».

Attention, la « race » serait de retour à ses yeux — c’est son nouveau dada —, et on ne rigole plus avec cela depuis son dernier livre écrit avec son alter ego Stéphane Beaud Race et sciences sociales paru chez Agone en 2021, et qui a été applaudi à droite, par l’Observatoire du décolonialisme et les tenants du « printemps républicain » sur les réseaux sociaux (dans un tweet de Laurent Bouvet devenu mémorable). Mais ce livre a été fortement critiqué au regard de l’obsession de son auteur, notamment dans En attendant Nadeau, par l’historienne Michelle Zancarini-Fournel analysant les multiples erreurs et oublis d’un texte qui a délibérément choisi le terrain de la polémique. Elle conclut son analyse par ses lignes : « Publier un tel livre dans le contexte politique actuel en France est, pour le moins, une ultime erreur. » Nous en savons quelque chose, puisqu’il consacre à l’un de nous deux plusieurs pages d’insultes et de violences verbales sur nos travaux, s’appuyant d’ailleurs sur des faux textes signés sous pseudonyme (sur le site de son éditeur Agone) ou reprenant des pseudo- entretiens de l’enseignante Laurence de Cock, afin de dénigrer là aussi nos travaux et notre métier d’historien. Un petit bonheur à lire…

On peut comprendre la rancœur de Gérard Noiriel puisque, d’une part, nous ne partageons pas sa manière d’exclure du fait historique français le passé colonial de la France, et que d’autre part, les éditions Autrement ont décidé de renouveler son Atlas de l’immigration en France (paru en 2004) en faisant appel à nous comme nouveaux auteurs avec Hadrien Dubuc. Un atlas qui vient d’être réédité dans une édition remise à jour en 2021. Alors, il attaque et ne fait pas dans le détail : « le texte qui introduit ce recueil souffre d'une absence de réflexion sur les rapports entre histoire et mémoire. […] Le recueil “Portraits de France” répond pour sa part à des préoccupations d'ordre identitaire qui sont nées dans le champ politique. » Et de nous reprocher d’avoir accepté de travailler avec la présidence de la République car à ses yeux, comme Benjamin Stora ou Vincent Duclert, nous aurions donc trahi ainsi notre « mission » et notre métier d’historien.

À ses yeux, nous serions des « identitaristes », même critique en fin de compte que Julien Volpner et ses amis, car nous aurions une approche communautaire, sans jamais aborder la dimension sociale dans notre approche biographique. C’est à la fois faux (les parcours de vie sont toujours présentés y compris dans une dimension sociale), mais surtout c’est la vieille antienne de Gérard Noiriel, son discours répétitif depuis vingt ans, qui voudrait faire croire que travailler sur ces enjeux c’est opposer le « social » et le « racial ». Pour faire bonne mesure, il cite le président de la République, mélange les mots et les intentions, et nous présente au final comme des buveurs de sang de la mémoire nationale.

Puis il va plus loin, il affirme que depuis plus de trente ans, une multitude d’initiatives ont déjà fait ce travail (en gros, il faut comprendre que lui l’avait déjà fait !), que de l’argent public a été dépensé pour cela « au niveau national et au niveau local », mais que ce rapport et le président de la République refusent de voir et de reconnaître en lançant cette initiative. Pour lui, il ne faut pas faire ce type de recueil, mais faire le bilan de tout ce qui a été fait (notamment par lui) avant de prendre toute nouvelle initiative (et bien entendu, avec son accord au préalable). Car lui, il sait comment les jeunes des quartiers populaires s’approprient les discours mémoriels. Pas nous.

En gros, c’est une mauvaise initiative car c’est nous qui la faisons et pas lui. Dans le cas inverse, lui le génie de la pensée profonde et de la réflexion historique, lui qui a su bien travailler avec un président de la République (Jacques Chirac) aurait sans doute su faire avec l’actuelle présidence. De fait, nous le préférons lorsqu’il s’attaque à la manière dont Éric Zemmour manipule l’histoire — dans un petit essai collectif récent — que lorsqu’il donne des leçons à ses collègues sous prétexte qu’il serait le seul légitime sur ces sujets.

 

Au-dessus du marigot : supplanter les briseurs de symboles

Dans une telle perspective, nos détracteurs préfèrent que rien ne soit fait plutôt que voir le côté constructif de cette entreprise. Surtout ne rien changer ! C’est une forme semblable de conservatisme, un refus d’accepter que les paradigmes évoluent, et même une peur irrésistible face à un processus qui émerge et qui se développe. Il faut donc dénigrer ceux qui créent des dynamiques, il faut les soupçonner de communautarisation du contenu, il faut accuser des historiens de ne pas être de bons historiens ou de faire autre chose que de l’histoire ; il faut dire que c’est contraire au récit national (pour l’un) ou opposé à la lutte des classes (pour l’autre).

En fin de compte, Portraits de France est au-dessus de ce marigot de savants mal intentionnés. Le travail se développe, s’affine, se décline dans une dynamique d’équipe, un souffle collectif qui reste à l’écoute des territoires. Les maires et les élus sont libres de retenir ces noms ou non, d’en choisir d’autres, d’initier localement des initiatives avec d’autres noms afin de questionner nos rues et nos monuments. La liste des 318 ne sera jamais close, elle est une première ouverture, appelant d’autres noms et qui sait peut-être d’autres démarches, c’est essentiel de le dire et de le redire.

Jean-Claude Bouvier, dans un ouvrage sur les noms de rues, rappelle qu’une « mémoire collective s’exprime à travers ces noms » car « les Français y sont attachés ». Il faut donc s’y engager de manière concrète, avec des profils légitimes, mais aussi à travers l’ambition d’écrire ensemble une histoire de France et de ses acteurs, qui ne laisse plus nombre d’entre eux dans l’ombre. Et pour citer notre recueil, nous souhaitons conclure avec ces lignes : « Parler d’immigration, de mobilités, de diversités, oblige à une vigilance sémantique de tous les instants. L’emploi des mots est délicat, le recours aux catégories l’est aussi. Point majeur de notre méthodologie, sous forme de parti pris, l’idée est de considérer qu’il n’existe pas deux mondes figés, celui des “Français de souche” et celui des “Français issus des diversités”. Nous récusons les deux qualificatifs au nom du brassage historique qui est la composante même de l’histoire de ce pays depuis des siècles. Trop souvent, les habitants des “quartiers populaires” ou des “banlieues” ne se sentent appartenir à aucun monde : ni pleinement français, ni perçus comme français en retour. Trop souvent, aussi, les Ultramarins se sentent à la marge du récit national, comme extérieurs à celui-ci. Génération après génération, les étrangers, immigrés, réfugiés, rapatriés, déplacés et leurs descendants cherchent des héros ou, à tout le moins, des référents qui, dans l’espace public, les rendraient légitimes en leur conférant une dimension patrimoniale. Il ne s’agit pas ici de parler de “statut”, mais de “reconnaissance”, avec ce désir de faire partie d’un tout collectif — que l’on l’appelle la Nation, la République, le Pays… — qui ne se limite pas à “sa” génération. Ce désir convoque les ancêtres en interrogeant leur place dans le présent ; mais il s’attache aussi aux générations futures afin qu’elles s’imprègnent et soient fières de ces parcours réussis. »

Face à un tel désir, on comprend que les conservatismes aiment dénigrer, manipuler les intentions, hurler aux communautarismes, car en fin de compte ils n’ont rien de constructif à proposer à la France et on dirait qu’ils n’aiment pas cette idée du « vivre ensemble » ou celle de bâtir d’autres statues dans le présent sans détruire celles qui existent pour écrire ensemble un autre récit collectif. Dommage que l’exposition au Musée de l’Homme vienne de fermer ses portes, une petit visite de courtoisie aurait été profitable à nos compères… ils auraient pu regarder l’histoire en face.

 

[1] https://www.cohesion-territoires.gouv.fr/portraits-de-france

[2] https://www.valeursactuelles.com/clubvaleurs/lincorrect/le-president-exalte-les-passions-identitaires/

[3] https://www.lefigaro.fr/actualite-france/pascal-blanchard-l-indigeniste-qui-murmure-a-l-oreille-de-macron-20210408

[4] https://www.lefigaro.fr/vox/societe/eugenie-bastie-noms-de-rue-et-diversite-la-perilleuse-concession-de-macron-20201207

[5] Isabelle Dethan, Antoine Ozanam, Severiano De Heredia, élu de la République, Paris, Passés-composés, 2021.

[6] https://eduscol.education.fr/2477/portraits-de-france

[7] https://www.youtube.com/watch?v=We2K8CD2JOk

[8] https://www.nouvelobs.com/idees/20220207.OBS54170/a-tous-ceux-qui-refusent-la-diversite-de-nos-histoires-par-pascal-blanchard-et-yvan-gastaut.html

[9] https://www.museedelhomme.fr/fr/programme/expositions-galerie-lhomme/portraits-france-autre-histoire-france-4306

[10] https://www.histoire-immigration.fr/agenda/2022-01/quels-heros-dans-l-espace-public

[11] https://www.lefigaro.fr/vox/societe/rapport-blanchard-doit-on-choisir-les-noms-de-rues-au-seul-motif-de-l-origine-des-personnalites-20211029

[12] https://www.franceculture.fr/emissions/le-pourquoi-du-comment-histoire/est-ce-aux-historiens-de-changer-le-nom-de-nos-rues

[13] https://www.lemonde.fr/idees/article/2022/01/05/universite-l-universalisme-republicain-ne-se-decrete-pas-il-se-construit_6108260_3232.html

[14] Malgré ce vandalisme, la sculpture appelée « Passage Abdelkader » (en référence à l’« homme-passerelle » qu’il était entre les cultures, les pays et les religions) réalisée en feuille d’acier rouillé par le sculpteur tourangeau Michel Audiard, a tout de même été inaugurée. Une enquête est en cours pour « dégradation grave de bien destiné à l’utilité publique et appartenant à une personne publique ».

[15] Le site Fdesouche a qualifié l’Émir de « héros de la lutte contre la France » tandis que l’ancien député du Gard Gilbert Collard, nouveau soutien d’Éric Zemmour, a parlé quant à lui, d’« adversaire historique de la France ».

[16] https://www.elysee.fr/emmanuel-macron/2021/01/20/remise-du-rapport-sur-la-memoire-de-la-colonisation...

[17] https://www.cohesion-territoires.gouv.fr/portraits-de-france

[18] https://www.telerama.fr/debats-reportages/restitution-de-biens-culturels-africains-le-musee-est-demb...

[19] https://www.lefigaro.fr/vox/societe/rapport-blanchard-doit-on-choisir-les-noms-de-rues-au-seul-motif-de-l-origine-des-personnalites-20211029

[20] https://www.lefigaro.fr/actualite-france/comment-le-gouvernement-veut-diversifier-les-noms-de-rue-20201216 ; https://www.lefigaro.fr/politique/noms-de-rues-issus-de-la-diversite-macron-aurait-du-ajouter-les-femmes-selon-bachelot-20201211 ; https://www.lefigaro.fr/vox/societe/jean-michel-delacomptee-je-veux-que-la-rue-faidherbe-ou-j-ai-grandi-garde-son-nom-20200623 et même une vidéo (https://www.lefigaro.fr/vox/societe/eugenie-bastie-noms-de-rue-et-diversite-la-perilleuse-concession-de-macron-20201207) d’Eugénie Bastié.

[21] https://www.franceculture.fr/emissions/le-pourquoi-du-comment-histoire/est-ce-aux-historiens-de-changer-le-nom-de-nos-rues

[22] Voir l’article dans Télérama du 19 janvier 2022, « Combien de défis pour le musée de l’immigration ! » de Juliette Bénabent.