Préface de l'ouvrage Histoire globale de la France coloniale
Par Mohamed Mbougar Sarr
L’ouvrage collectif Histoire globale de la France coloniale, sous la direction des trois historiens Nicolas Bancel, Pascal Blanchard, Sandrine Lemaire, et du politiste Dominic Thomas, paraîtra le 3 novembre 2022 aux Éditions Philippe Rey. Alors que l’année 2022 marque les 60 ans de la fin de la guerre d’Algérie, l’histoire coloniale est toujours au cœur des débats et cet ouvrage se présente comme un bilan de la recherche historique sur les 30 dernières années. L’ouvrage rassemble une centaine de textes d’experts français et internationaux, les contributions offrent au lecteur une vision à 360° des enjeux de la colonisation et de la mémoire coloniale, de l’effondrement du premier empire colonial français à la fin du siècle des Lumières, en passant par l’apogée de l’Empire colonial français au XXe siècle, l’émergence des contestations et les indépendances, jusqu’à la persistance des effets de la colonisation dans la société contemporaine.
La préface de l’ouvrage est signée par l’écrivain sénégalais Mohamed Mbougar Sarr, que la France découvrait en novembre 2021 lorsque son ouvrage La plus secrète mémoire des hommes (Éditions Jimsaan/Philippe Rey) recevait le Prix Goncourt, faisant de lui le premier écrivain d’Afrique subsaharienne primé par le prestigieux prix littéraire français, un siècle après René Maran. Vous pouvez lire ci-après, de manière inédite, cette préface. À l’occasion de la parution de cet ouvrage (le 3 novembre en librairie), le Groupe de recherche Achac organise – en partenariat avec le Musée de l’Homme, avec le soutien de l’ANCT, de la Dilcrah, des éditeurs Philippe Rey, Le Cherche Midi et La Martinière – le colloque « Un nouveau regard sur le passé colonial. Histoire et imaginaire », le 3 novembre au Musée de l’Homme (Paris). Une trentaine de spécialistes appréhenderont et débattront de l’écriture de l’histoire coloniale, des imaginaires et des héritages, des enjeux de mémoire et des revendications et oppositions à la transmission de ce passé (le colloque est complet depuis une dizaine de jours, mais plusieurs autres rencontres sont programmées en 2023).
Préface
À la fin du xviiie siècle, tandis que Napoléon Bonaparte menait son expédition en Égypte (1798-1801), une très large part de la presse française relayait l’image d’un Alexandre moderne, à la fois héros épique et grand homme sage, désireux de porter l’éclat des Lumières au sommet des pyramides. Ni les revers subis ni les massacres perpétrés ne viendront inquiéter la légende dorée d’une entreprise militaire drapée dans des soieries civilisatrices aux coutures quasi divines.
En 1840, pour soutenir la compétition économique engendrée par la révolution industrielle, les frères Régis, entrepreneurs marseillais, se tournèrent vers le continent africain, dans l’espoir qu’il pourvoirait la France non plus en hommes, commerce désormais jugé honteux, mais en produits et matières premières. Ils négocièrent avec Ghézo (Gezo), le souverain du royaume Dahomey d’alors (actuel Bénin), le monopole de l’acquisition sur son territoire de l’huile artisanale qu’on y produisait, devenant ainsi les béliers de la conquête française en Afrique de l’Ouest, bien avant l’arrivée des troupes militaires.
Sous la IIIe République, des millions de visiteurs se pressent en 1878 aux pavillons où l’École anthropologique et la Société anthropologique, à la demande des organisateurs d’une certaine exposition universelle qu’accueille la France, ont mis en scène des « sauvages » que « petits et grands veulent aller voir ». Les exhibitions ethnographiques se vantent de mettre en scène des « Canaques » venant de l’exotique Nouvelle-Calédonie, à côté de figurants jouant les Loangos d’Angola ou les Pahouins du Gabon, qui montrent leurs jolies petites pagaies.
En 1917, alors que la Grande Guerre fait aussi rage sur le terrain de la propagande, des affiches françaises vantent les sujets coloniaux qui, en combattant dans les rangs des armées françaises, prouvent qu’ils sont du côté de la civilisation, quand, dans le même temps, les ennemis allemands étaient relégués à la condition dans laquelle, longtemps, on a enfermé ceux qu’on appelait à les combattre : la barbarie.
Dans un article fameux paru dans la revue Présence Africaine et intitulé « Afrique noire, littérature rose », le romancier camerounais Mongo Beti critiquait virulemment, en 1955, son confrère guinéen Camara Laye, lui reprochant d’avoir fait preuve, dans son roman L’Enfant noir, d’une forme de nostalgie complaisante à l’égard du système colonial et de sa violence, contre lesquels un écrivain – un écrivain africain de surcroît – ne devrait écrire que résolument engagé.
En 2022, à Dakar, après avoir été maintes fois retirée, déplacée, remisée, réhabilitée, légendée et relégendée, une statue trône désormais au centre d’un carrefour du centre-ville. Elle représente deux soldats de la Première Guerre mondiale. Dupont, le poilu français, a la main posée sur l’épaule de Demba, le tirailleur sénégalais, et tous deux avancent côte à côte vers un avenir qu’ils rêvent fraternel. Ils tiennent encore sur leur piédestal au moment où, dans le monde entier, plusieurs statues suspectées de célébrer la domination sont remises en question ou déboulonnées. Demba et Dupont resteront-ils là, ou subiront-ils le sort réservé en 2019, à Saint-Louis du Sénégal, à la statue de Louis Faidherbe, un des maîtres d’œuvre de la conquête française en Afrique de l’Ouest : la chute ?
Qu’ont en commun tous ces faits, documents, anecdotes et témoignages ? Chacun d’eux pourrait être raconté et analysé indépendamment qu’il produirait toujours un sens autonome, pertinent et fort pour nous. Pourtant, il suffit de les lier dans le même faisceau, de les tenir et de les interroger ensemble pour que non seulement ils gagnent une signification nouvelle et peut-être plus essentielle, mais s’éclairent encore les uns les autres, par un jeu de miroirs et d’échos, de continuités et de ruptures, de solidarités et de nuances que seule peut orchestrer l’appartenance à une histoire commune.
Cette histoire est celle de la France coloniale dans le monde.
C’est une histoire longue aux longs tentacules. Elle s’est étendue à diverses parties du globe. Elle a mobilisé de multiples acteurs et institutions. Elle a été permise et encouragée par le Droit (celui du plus fort), justifiée et bénie par Dieu (c’est-à-dire par ses cupides lieutenants humains). Et si ses expressions ont pu différer d’un lieu à l’autre, d’une époque à la suivante, la violence – militaire, administrative, symbolique – en a été la principale méthode, presque la définition. Il s’agit d’un récit de sueur et de sang, de crimes et de ruse, de domination et d’exploitation. Une extraordinaire bibliothèque nous renseigne sur ces épisodes et ses protagonistes. On y trouve des travaux d’historiens, des observations d’explorateurs, des relevés de chroniqueurs ou d’anthropologues, des fiches et comptes rendus de l’administration coloniale elle-même. Mais cette bibliothèque est aussi celle des cinéastes, des écrivains, des poètes. Ce qu’on sait de l’histoire
mondiale de la colonisation française nous vient aussi d’Ousmane Sembène, de Kateb Yacine, d’Ahmadou Kourouma, de Mongo Beti, d’Anna Gréki, d’André Gide, de Marcel Griaule,
d’Assia Djebar, de Michel Leiris, d’Aimé Césaire. On doit cette connaissance à tous ces hommes et toutes ces femmes de conscience et de cœur, illustres ou anonymes, qui n’ont rien caché de la vérité de cette entreprise, c’est-à-dire, presque toujours, de la vérité de ses exactions. Le répertoire de l’horreur coloniale a aussi été établi par les artistes ; leurs voix, leurs regards, leurs mots, nous exhortent à ne jamais oublier que des hommes sont allés à la rencontre d’autres hommes dans le seul but de leur dénier leur humanité pour mieux les piller, les briser, les séparer, les trahir, les tuer.
Telle est l’histoire tragique et sombre de la colonisation française, que d’aucuns cherchent parfois à atténuer ou expliquer en évoquant, en guise de « bienfaits », kilomètres de routes goudronnées et murs d’hôpitaux bâtis, langues laissées en héritage ou villes nouvelles léguées, classes moyennes créées et États modernes esquissés, populations éduquées, techniques implantées… Mais que représente tout cela devant ce qui fut déstructuré, enlevé, modifié, irrémédiablement détruit ? Pour reprendre l’interrogation philosophique centrale de L’Aventure ambiguë, roman intemporel de Cheikh Hamidou Kane, ce qu’on gagne vaut-il ce qu’on perd ? Que dire des femmes qui furent violées ? Des membres qui furent coupés ? Des richesses – y compris spirituelles – qui furent pillées ? Des familles que les guerres coloniales séparèrent ? D’unités géographiques et historiques anciennes, que les ciseaux et compas de la conférence de Berlin fragmentèrent ? Et on en oublie. C’est aussi cela, c’est surtout cela, la colonisation : la violence, la cruauté, l’avidité. Et il faudrait être reconnaissant ? Qu’on ne croie pas, au reste, que souligner la barbarie coloniale équivaut à oublier les responsabilités, les faiblesses et les collusions, qui se manifestent aujourd’hui encore, de certaines figures importantes des anciennes colonies.
Mais ces compromissions intérieures n’absolvent pas l’agresseur, non plus qu’elles ne relativisent la violence de son agression. Il convient de le dire simplement et lucidement. L’histoire de la France ne se résume pas à sa dimension coloniale, mais elle la compte en ses lignes ; et il se pourrait que ce pays y ait laissé une part de son âme. Ce n’est pas lui faire un procès, ni être aveugle à la responsabilité d’autres, que de lui rappeler la sienne, qui est grande, et d’autant plus centrale qu’elle fut la cause première d’un séisme dont les répliques secouent encore et les ex-sociétés colonisées et les anciennes puissances colonisatrices. C’est cette histoire que ce livre raconte, documente, analyse, transmet. Ici, se trouvent des faits : ni des opinions ni des constructions subjectives – des faits seuls.
Devant eux, un mot sera répété ; il sonnera différemment selon son origine, mais ce sera le même : encore ! C’est l’interjection exaspérée de ceux qui ne veulent plus entendre parler de cette affaire dont, à les en croire, il a trop été question ; ceux qui souhaitent passer à autre chose ; ceux qui accusent ce sujet d’organiser une bourse aux valeurs identitaires, dont les indices fixes seraient la culpabilisation et la victimisation. Mais cet « encore ! » est aussi le cri des cœurs qui désirent en apprendre plus sur eux-mêmes, qui ne souhaitent rien tant qu’être reconnus, qui croient qu’on ne pourra pas passer à autre chose tant qu’on n’en passera pas par là. La grande force de ce considérable travail est qu’il s’adresse à ces deux catégories de personnes.
« On s’y affronte violemment, idéologie contre idéologie ; on y croise des interprétations différentes de l’histoire et des mémoires ; on cherche enfin à y découvrir quelque chose pour la compréhension lucide de notre temps. »
D’année en année, les recherches, les débats, les polémiques autour du rapport de la France à sa question coloniale ont fini par faire de cette dernière un marqueur capital, un lieu de cristallisation du discours politique. Qu’il soit rejeté ou convoqué, critiqué ou glorifié, justifié ou attaqué, le passé colonial de la France est devenu un lieu éristique, herméneutique et heuristique : on s’y affronte violemment, idéologie contre idéologie ; on y croise des interprétations différentes de l’histoire et des mémoires ; on cherche enfin à y découvrir quelque chose pour la compréhension lucide de notre temps. Dans ce contexte et face à ce triple enjeu, la contribution des chercheurs, des historiens en particulier, paraît fondamentale. Elle ne l’est pas parce qu’elle serait en mesure de guérir miraculeusement les blessures et incompréhensions de cette violente et douloureuse histoire. Plus décisivement, leur parole compte dans cette histoire parce qu’elle donne à chacun la possibilité d’en avoir une compréhension à la fois plus détaillée, plus critique et plus élargie.
À quelle étape en sommes-nous de la connaissance de l’histoire coloniale de ce pays, et quelle action, quelle parole, quel récit cette histoire exige-t-elle de nous en ce moment ? La puissance, la valeur et la nécessité de ce livre tiennent en un étrange paradoxe : il repose la question en des termes différents et, ce faisant, presque performativement, commence à tenter d’y répondre. Et c’est toute une actualité de la situation politique et géopolitique, des débats et polémiques historiques, des oublis et oblitérations mémoriels, des silences et lacunes du présumé « récit national français » (mais que recouvre vraiment ce syntagme ?), qui s’en trouve repensée.
À quel moment, donc, en sommes-nous ? Le présent travail répond clair : au moment où, comme on le dirait de la loi, nul n’est plus censé ignorer – aux deux sens de ce mot – cette histoire bien française. Comment s’y prendre ? En réunissant, pour la première fois peut-être à cette ampleur, des travaux de chercheurs du monde entier. Leur propos, quel que soit le lieu de la planète où cette histoire s’est écrite, s’attache à comprendre et donner à comprendre ce que fut et, plus important peut-être, ce qu’est la colonisation française. Car cette dernière, de toute évidence, n’en finit pas de produire des discours, des effets, des stratégies et des décisions politiques contemporaines, dont on s’interdit toute chance de rien comprendre à leur signification, et à la violence qui les accompagne quelquefois, si on oublie que la colonisation demeure une histoire d’aujourd’hui, qui doit par conséquent se dire, s’écouter, se comprendre au présent, pour le présent.
« Nulle complaisance devant la tentation d’interprétations historiques partiales ou partisanes dans ce recueil. Il se présente comme une somme et non une compilation. »
La démarche de tous les historiens et chercheurs de ce recueil est guidée par les mêmes obsessions et travaillée par la même rigueur dans la pensée de l’entreprise coloniale française. Il s’agit de faire l’archéologie de son discours (en éclairant ses origines et en analysant ses justifications), de démonter les rouages de sa technique (en montrant les méthodes et pratiques qu’elle a mises en œuvre à travers différents temps, espaces, acteurs pour imposer son régime de domination), de mesurer ses conséquences (en rappelant les implications historiques, politiques, économiques, symboliques et existentielles dans les pays où elle a sévi, y compris, bien sûr, en France) et, enfin, de souligner la trace profonde qu’elle a laissée partout dans le monde, ainsi que la nécessité de la regarder, de la voir. Tout cela se lit comme un roman : le roman noir de l’histoire globale de la France coloniale.
Évidemment, un livre pareil s’adresse à la France et lui indique, sans arrogance ni prétention, les voies possibles d’une écriture nouvelle et commune de son histoire. Mais ce faisant, il se destine également au monde entier, ou, du moins, à tous les lieux où la colonisation française s’est exercée. Là aussi, des lieux de connaissance gagneraient à être érigés ou multipliés. Musées, bibliothèques, archives, lieux de projections cinématographiques, centres d’expositions artistiques, cénacles de discussions et de conférences, qu’importe, tant qu’un maillage serré de documentation des récits coloniaux continue de se tisser et de s’étendre. Il constituera, à n’en pas douter, le meilleur antidote aux populismes simplificateurs, aux falsifications ou relativisations cyniques de l’histoire, aux lectures fragmentaires du passé.
Nulle complaisance devant la tentation d’interprétations historiques partiales ou partisanes dans ce recueil. Il se présente comme une somme et non une compilation. La différence est de taille : les textes ne s’ajoutent pas mécaniquement les uns aux autres mais ajoutent les uns aux autres. C’est dire qu’une réflexion cohérente irrigue secrètement, mais continûment, les différentes contributions de ce recueil dont l’ambition, pour colossale qu’elle soit, ne vise cependant ni à l’exhaustivité ni à la perfection. Par son ampleur historique, la pluralité des signatures qui le portent, la multiplicité des perspectives qu’il offre et ouvre sur la colonisation, ce travail est pourtant promis à devenir, dans le monde francophone, une référence majeure pour tous les publics (universitaires, passionnés d’histoire, mordus de politique, simples curieux) qu’intéresse, agace ou touche la question coloniale. Voilà le livre qu’ils doivent posséder, lire et offrir.
On le referme non seulement édifié, mais convaincu que ce n’est que par la connaissance puis la transmission de cette histoire que les luttes mémorielles trouveront une manière d’apaisement, et que l’opposition souvent jouée entre valeurs républicaines supposées et communautarisme prétendu pourrait avoir une chance d’être surmontée.
« Par son ampleur historique, la pluralité des signatures qui le portent, la multiplicité des perspectives qu’il offre et ouvre sur la colonisation, ce travail est pourtant promis à devenir, dans le monde francophone, une référence majeure pour tous les publics. »
Avec les contributions de : Catherine Akpo-Vaché, Nicolas Bancel, Ludivine Bantigny, Olivier Barlet, Jean-Pierre Bat, Jean-Paul Bertaud, Sophie Bessis, Pascal Blanchard, Gilles Boëtsch, Hubert Bonin, Sami Boufassa, Malek Bouyahia, Raphaëlle Branche, Pierre Brocheux, Anne Bruchez, Christina Carroll, Sylvie Chalaye, Dominique Chathuant, Christopher M. Church, Suzanne Citron, Alain Clément, Frederick Cooper, Catherine Coquery Vidrovitch, Myriam Cottias, Vincent Courcelle-Labrousse, Éric Deroo, Souleymane Bachir Diagne, Véronique Dimier, Manuel Domergue, Marcel Dorigny, Laurent Dubois, Jean-Luc Einaudi, Elizabeth Ezra, Julien Fargettas, Charles Forsdick, Bernard Gainot, Yvan Gastaut, Arlette Gautier, Ruth Ginio, Évelyne Guihur, Benoît Haberbusch, Jean-Claude Halpern, Elizabeth Heath, Daniel Hémery, Catherine Hodeir, Jan C.Jansen, Vincent Joly, Jean-Jacques Jordi, Marc Lagana, Jacqueline Lalouette, Gérard Le Bouëdec, Kévin Le Doudic, Nicolas Lebourg, Sandrine Lemaire, Alain Mabanckou, Gilles Manceron, Laurent Manière, Cléo Marmié, Achille Mbembe, Marie Ménard Jacob, Nadine Méouchy, Sarah Mohamed-Gaillard, Abderahmen Moumen, Adlai H. Murdoch, David Murphy, Érick Noël, Clara Palmiste, Claude Prudhomme, Tramor Quémeneur, Jean-Marc Regnault, Nathalie Rezzi, Stéphane Richemond, Delphine Robic-Diaz, Pernille Røge, Maria Romo-Navarrete, Alain Ruscio, Felwine Sarr, Mohamed Mbougar Sarr, Jennifer Sessions, Tracy Sharley-Whiting, Pierre Singaravélou, Nanette Snoep, Ann Laura Stoler, Benjamin Stora, Dominique Taffin, Saïd Tamba, Christelle Taraud, Sylvie Thénault, Dominic Thomas, David Todd, Frédéric Turpin, Anne Ulrich-Girollet, Naïma Yahi.
SOMMAIRE DE L’OUVRAGE
Préface
Mohammed Mbougar Sarr
Histoire globale de la colonisation française
Nicolas Bancel, Pascal Blanchard, Sandrine Lemaire et Dominic Thomas
Première partie
Premier empire et utopie coloniale
1. La constitution d’un domaine ultramarin
La fin de l’Empire français de l’Ancien Régime
Laurent Dubois
L’entreprise coloniale en question (1763-1791)
Bernard Gainot
La Compagnie des Indes et les ports-comptoirs
Gérard Le Bouëdec, Marie Ménard-Jacob, Kévin Le Doudic et Évelyne Guihur
Possessions et érotisation violentes des femmes esclaves
Arlette Gautier
La question de l’esclavage en France au temps du premier empire colonial français
Érick Noël
Le premier empire colonial et la Révolution française
Christelle Taraud
L’esclavage et la question coloniale : le colportage de l’information et l’opinion populaire, de la fin de l’Ancien Régime aux lendemains de la Révolution
Jean-Claude Halpern
L’expédition d’Égypte et la construction du mythe napoléonien
Jean-Paul Bertaud
Anti-esclavagisme, abolitionnisme et abolitions en France à la fin du XVIIIe siècle
Marcel Dorigny
L’avenir des possessions coloniales françaises en Afrique (1795-1802)
Pernille Røge
L’expédition d’Alger : premières expériences africaines
Vincent Joly
Retour sur l’expédition d’Alger
David Todd
2. De l’abolition de 1848 à l’idée impériale
La seconde abolition de l’esclavage dans les colonies françaises (1848)
Myriam Cottias
La politique coloniale de la IIe République : un assimilationnisme modéré
Anne Ulrich-Girollet
Colonisation et colonialisme sous le Second Empire
Sandrine Lemaire, Pascal Blanchard et Nicolas Bancel
Les colonies dans les premières expositions universelles
Sandrine Lemaire, Pascal Blanchard et Nicolas Bancel
La Vénus hottentote et l’invention des « races sauvages » au temps de la construction impériale (1815-1888)
Nicolas Bancel
Les derniers recours à l’esclavage dans les colonies françaises
Christopher M. Church
Sexualités, domination et colonialisme
Pascal Blanchard, Nicolas Bancel, Gilles Boëtsch, Christelle Taraud et Dominic Thomas
Idéologies impériales dans le Second Empire
Christina Carroll
Les débuts de la conquête de l’Indochine (1858-1873)
Pierre Brocheux et Daniel Hémery
La question coloniale et la pensée économique libérale française (1830-1914)
Alain Clément
La conquête de la Tunisie
Sophie Bessis
Deuxième partie
France impériale et conquête
1. L’expansion coloniale
Les origines de l’émigration assistée vers l’Algérie
Jennifer Sessions
Colons et colonisateurs dans l’Empire
Christelle Taraud
L’indigénat dans l’Empire français
Sylvie Thénault
La confusion des pouvoirs administratif et judiciaire en Afrique occidentale française : indigénat et justice indigène (1887-1903)
Laurent Manière
Les gouverneurs dans les colonies françaises entre 1880 et 1914
Nathalie Rezzi
La sécularisation du personnel enseignant en Guadeloupe (1880-1914). Enjeux sexués et raciaux en contexte colonial
Clara Palmiste
Les missions catholiques et la colonisation française sous la IIIe République
Claude Prudhomme
Le moment « impérial » de l’histoire des sciences sociales (1880-1910)
Pierre Singaravélou
Sciences, « races » et colonies à la fin du XIXe siècle
Gilles Boëtsch
Genre, sexualité et médecine coloniale. Identité « indigène » et discours de vérité
Malek Bouyahia
Conquêtes coloniales et propagande à la fin du XIXe siècle
Sandrine Lemaire, Pascal Blanchard, Nicolas Bancel, Alain Mabanckou et Dominic Thomas
L’invention de l’indigène dans le système colonial français
Nicolas Bancel et Pascal Blanchard
2. La formation d’une culture coloniale
Colonies et exotisme dans les expositions universelles à la fin du XIXe siècle
Pascal Blanchard
Un siècle de liens institutionnels et politiques entre la France et la Nouvelle-Calédonie
Sarah Mohamed-Gaillard
Le parti colonial français avant la Première Guerre mondiale
Marc Lagana
L’invention du « sauvage » de l’entreprise coloniale française
Pascal Blanchard, Gilles Boëtsch et Nanette Snoep
Le pavillon de l’Algérie à travers les expositions coloniales, internationales et universelles
Sami Boufassa
Le cinéma colonial en tant que genre populaire
Saïd Tamba
Littérature et musique au temps des colonies
Alain Ruscio
Apprendre l’Empire, un jeu d’enfants ? (second tiers du XXe siècle)
Elizabeth Heath
L’école et les colonies
Gilles Manceron
Spectacles, théâtre et empire colonial français
Sylvie Chalaye
Sociétés et expositions artistiques coloniales en France de la fin du XIXe siècle aux indépendances
Stéphane Richemond
Troisième partie
Apogée colonial et revendications
1. Un colosse aux pieds d’argile
Un espace stratégique ? L’empire colonial français à la veille de la Première Guerre mondiale
Benoît Haberbusch
L’Appel à l’Empire pour la guerre en France
Éric Deroo
Les Maghrébins dans la Grande Guerre
Yvan Gastaut, Naïma Yahi et Pascal Blanchard
L’économie de l’outre-mer colonial après la Grande Guerre
Hubert Bonin
Le mandat français en Syrie et au Liban (1920-1946). Les dessous d’une tutelle coloniale
Nadine Méouchy
Impérialismes et exploitation en Afrique subsaharienne
Catherine Coquery-Vidrovitch
L’Agence générale des colonies
Sandrine Lemaire
Une guerre du Cartel des gauches : le Rif marocain
Vincent Courcelle-Labrousse et Nicolas Marmié
Les diverses formes de l’anticolonialisme et du refus de l’Empire
Christelle Taraud
Élites noires en France au temps de l’empire colonial français
Tracy Sharpley-Whiting
Colonisation et propagande dans l’entre-deux-guerres
Sandrine Lemaire, Pascal Blanchard, Nicolas Bancel, Alain Mabanckou et Dominic Thomas
2. Un consensus colonial ?
Le mythe économique colonial
Catherine Coquery-Vidrovitch
L’émergence d’une élite politique noire dans la France du premier XXe siècle ?
Dominique Chathuant
Fête et ordre colonial. Centenaires et résistance anticolonialiste en Algérie pendant les années 1930
Jan C. Jansen
Débat sur les colonies : regards croisés en métropole dans les années 1930
David Murphy, Elizabeth Ezra et Charles Forsdick
L’Exposition coloniale internationale (1931) : entre contestations et adhésions
Catherine Hodeir
1931 : l’union nationale autour de l’idée coloniale
Pascal Blanchard
Penser depuis la colonie : leçons de Simone Weil
Souleymane Bachir Diagne
Paris, capitale coloniale
Pascal Blanchard et Éric Deroo
La conquête des goûts coloniaux en métropole
Sandrine Lemaire
L’âge d’or du cinéma colonial français
Olivier Barlet et Pascal Blanchard
La commission d’enquête coloniale du Front populaire : un échec de politique réformatrice (1936-1938)
Marc Lagana
Quatrième partie :
Indépendances et fin du « rêve colonial »
1. Les prémices de l’effondrement
Révolution impériale : le mythe colonial de Vichy
Pascal Blanchard et Ruth Ginio
L’A-OF et Vichy
Catherine Akpo-Vaché
Les tirailleurs sénégalais dans la Seconde Guerre mondiale
Julien Fargettas
Propagande impériale sous Vichy
Sandrine Lemaire, Pascal Blanchard, Nicolas Bancel, Alain Mabanckou et Dominic Thomas
De la guerre à l’Union française : les transformations de l’espace colonial français
Sandrine Lemaire, Pascal Blanchard et Nicolas Bancel
De la France coloniale à l’outre-mer
Véronique Dimier
La fin de la présence française en Syrie
Anne Bruchez
L’Empire, mythe ou réalité économique au temps des décolonisations
Sandrine Lemaire, Catherine Hodeir et Pascal Blanchard
Territorialisation et autonomie en Afrique française
Frederick Cooper
Un New Deal colonial ? Le Fonds d’investissement pour le développement économique et social des territoires d’outre-mer (1946-1958)
Nicolas Bancel
La guerre d’Indochine et l’embrasement de l’Empire
Sandrine Lemaire, Pascal Blanchard et Nicolas Bancel
Les représentants de l’outre-mer sous la IVe République (1946-1958)
Sarah Mohamed-Gaillard et Maria Romo-Navarrete
Les décolonisations et les partis de gauche en France
Sylvie Thénault
Littérature afro-francophone à l’époque coloniale
Dominic Thomas
2. Les derniers feux de l’Empire
Les enjeux de la guerre d’Algérie
Sandrine Lemaire, Pascal Blanchard et Nicolas Bancel
Jeunes et soldats : le contingent français en guerre d’Algérie
Ludivine Bantigny
Les oppositions françaises à la guerre d’Algérie
Tramor Quémeneur
Cameroun, une guerre oubliée
Manuel Domergue
La sexualité des appelés en Algérie
Raphaëlle Branche
I958, la Communauté franco-africaine : un projet de puissance entre héritages de la IVe République et conceptions gaulliennes
Frédéric Turpin
La guerre des images d’une fin d’empire et continuité de l’influence française outre-mer
Sandrine Lemaire, Pascal Blanchard et Nicolas Bancel
Pieds-noirs/Français d’Algérie : de l’histoire à la mémoire
Jean-Jacques Jordi
Les « harkis », entre histoire, mémoire et imaginaires
Abderahmen Moumen
L’OAS et ses héritages
Nicolas Lebourg
Violence coloniale en métropole au temps de la fin d’empire
Jean-Luc Einaudi
La Polynésie française, avec et sans la bombe
Jean-Marc Regnault
Le rôle de la France après les indépendances Jacques Foccart et la pax gallica
Jean-Pierre Bat
Cinquième partie :
Après l’empire et mémoire
Les avatars du musée des Arts d’Afrique et d’Océanie : essai d’histoire d’un musée inachevé
Dominique Taffin
Bumidom : principes égalitaristes et pratiques de marginalisation et d’exclusion
H. Adlai Murdoch
L’impossible révision de l’histoire de France face au passé colonial
Suzanne Citron
Histoire nationale et histoire coloniale : deux histoires parallèles
Sandrine Lemaire
Cinéma, chanson, littérature : après le temps des colonies
Delphine Robic-Diaz et Alain Ruscio
Mémoires et patrimonialisation de l’histoire coloniale : l’introuvable musée colonial
Nicolas Bancel et Pascal Blanchard
L’aphasie coloniale française : à propos de l’histoire mutilée
Ann Laura Stoler
Vers une nouvelle conscience planétaire
Achille Mbembe
Restitution du patrimoine africain : histoire, mémoire, traces, réappropriation
Felwine Sarr
La colonisation, les années charnières : du débat sur la guerre d’Algérie au discours de Dakar
Nicolas Bancel et Pascal Blanchard
Le fracas des statues qu’on déboulonne
Jacqueline Lalouette
La francophonie au XXIe siècle : continuité ou rupture avec le passé colonial ?
Dominic Thomas
Qui veut la guerre des identités ?
Pascal Blanchard, Nicolas Bancel et Dominic Thomas
Écrire l’Empire, sortir des guerres de mémoire
Benjamin Stora