Les tribunes

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Album Addi Bâ

Un album inédit sur Addi Bâ

d'Étienne Guillermond

Album Addi Bâ

Journaliste indépendant, Étienne Guillermond a entrepris, il y a une vingtaine d’années, de reconstituer l’histoire singulière d’Addi Bâ, arrivé en France dans les années 1930, puis engagé dans l’Armée française pour la Seconde Guerre mondiale, devenu chef de maquis dans les Vosges et fusillé en 1943 à Épinal. Il est l’une des 58 personnalités mises en exergue dans l’exposition « Portraits de France ». Dans la continuité de son premier ouvrage, Addi Bâ, Résistant des Vosges(éd. Duboiris, 2013), Étienne Guillermond propose aujourd’hui en autoédition un album illustré racontant l’itinéraire du jeune Peul. La vente de ce livret inédit contribuera à financer une série d’événements organisés cette année pour célébrer le 80e anniversaire de la disparition d’Addi Bâ.

Sans l’engagement d’une petite poignée de passeurs de mémoire, le souvenir de Mamadou Hady Bah – dit « Addi Bâ » – ne serait probablement qu’une vague légende en marge de l’histoire de la Résistance vosgienne. Célébré en héros local à la Libération dans l’Ouest vosgien, il est progressivement tombé dans l’oubli. Curieusement, pendant près de cinq décennies, nul ne s’est étonné de la présence d’un tirailleur africain à la tête du maquis de la Délivrance, premier maquis vosgien créé en février 1943 pour accueillir des réfractaires au Service du travail obligatoire (STO).

À la fin des années 1980, le colonel Maurice Rives, infatigable défenseur des tirailleurs sénégalais, a été le premier à tenter de documenter l’incroyable itinéraire du jeune Guinéen, fusillé le 18 décembre 1943 à Épinal.

De la légende à la réalité historique

Mon ancrage familial dans le petit village de Tollaincourt, où il a vécu de 1941 à 1943, m’a permis de croiser, dès l’enfance, le fantôme de cet étonnant personnage. J’ai pour ainsi dire reçu la mémoire d’Addi Bâ en héritage et ne pouvais faire autrement que de continuer à creuser le sillon ouvert par le colonel Rives. Pendant près de 10 ans, j’ai écumé le territoire que lui-même a tant de fois parcouru dans le cadre de ses activités clandestines. J’ai recueilli des témoignages, exploré albums de familles et cartons d’archives, et extrait de greniers poussiéreux un important corpus de documents qui permettent, aujourd’hui, de mieux cerner la personnalité de Mamadou Hady Bah, la réalité concrète de son action de résistant et les ressorts de son engagement. Cette histoire et cette quête personnelle, je les ai racontées dans le livre que j’ai publié en 2013, Addi Bâ, Résistant des Vosges (Ed. Duboiris).

Ancrer la figure d’Addi Bâ dans le territoire

Pour célébrer le 80e anniversaire de sa disparition, j’ai souhaité inscrire la figure d’Addi Bâ dans le territoire, très rural, où il a combattu. Six communes du secteur de Lamarche ont accepté de s’associer à la création d’un parcours historique intitulé « Sur les traces d’Addi Bâ ». Il relatera, en une dizaine de panneaux, l’histoire du maquis de la Délivrance et de ses principaux protagonistes.

Des collégiens ont participé à ce projet à travers des productions vidéo qui seront intégrées à une websérie associée au parcours. Tout au long de l’année, plusieurs événements festifs et ludiques accompagneront le dévoilement progressif de cet itinéraire, notamment un videomapping le 15 juillet prochain à Tollaincourt et une course d’orientation (escape game), le 12 août, sur le site du maquis.

Une histoire accessible au plus grand nombre

J’ai également saisi cette occasion pour publier un album retraçant, en 28 pages et 10 planches illustrées à partir de documents originaux, l’itinéraire si singulier du jeune Peul du Fouta Djalon devenu un « héros » de la Résistance vosgienne. Ce livret, auto-édité, a deux vocations : rendre accessible au plus grand nombre l’histoire d’Addi Bâ tout en corrigeant, sur la base de mes dernières recherches, les nombreuses erreurs et inexactitudes qui circulent sur les réseaux à son propos. Plus prosaïquement, la diffusion de cet ouvrage permettra de financer les différentes actions engagées cette année par l’association du Château Vert, porteuse du projet « Sur les traces d’Addi Bâ ».