Occuper l’espace public, c’est occuper l’espace du débat public… C’est y prendre position et affirmer encore et toujours son appartenance à son quartier, à sa ville, son appartenance au monde. C’est peut-être là, la question centrale, s’emparer du récit de nos vies pour dire notre façon d’appartenir à l’histoire collective, donner sa version de l’histoire. Ce point de vue, celui des personnes au premier rang de la réalité des quartiers, il se construit au quotidien et dans l’action. Tactikollectif en est témoin, et contre toutes caricatures, peut attester que les quartiers ne sont pas des déserts politiques et culturels. 

Nous avons imaginé ce festival musical et consistant, culturel au sens large. D’un genre rare à l’époque, il allie débats, rencontres et spectacles. Informer le public de notre réalité, les inviter à éteindre télévision et radio afin d’écouter les habitant.e.s, les militant.e.s, les chercheurs et chercheuses sur nos sujets, les sachant.e.s, les vrai.e.s. Rendre justice à nos parents, aux différentes générations héritières de cette héroïque immigration, femmes et hommes de l’exil. 

Cette 19^e édition renouvelée du festival Origines contrôlées va parcourir les espaces, physiquement et symboliquement. Après deux années de crise sanitaire, où nous ne savions plus si nous devions nous enfermer ou sortir à l’air libre, cette année le festival Origines Contrôlées choisit de ne pas choisir. Itinérants, nous nous déplacerons du théâtre des Mazades, au Centre culturel Ernest Renan en passant par le cinéma Utopia Borderouge, pour finir au Stade Rigal, dans notre quartier historique, les Izards Trois Cocus.

Cette 19e édition du festival se voudra donc populaire, familiale, mêlée, variée, partagée. Au programme : le cinéma urbain de Pascal Tessaud ouvrira le bal, pour ensuite aller danser et chanter sur le raï guitare de Sofiane Saïdi, le rap à l’ancienne de Rim’k et la poésie sud-africaine de Bongi. L’humour, tradition de notre festival, sera représenté par le Jamel Comedy Club. Enfin, nous reviendrons sur une histoire qui a marqué les débuts des festivals dans les quartiers nord de Toulouse et l’identité de Tactikollectif : celle de la Caravane des quartiers que nous accueillions il y a trente ans et dont l’héritage est toujours à écrire.