Si l’Olympisme a fait l’objet d’une diversité de publications, aucune n’a jamais adopté l’agencement des sports dans le programme des JO comme mode d’entrée pour analyser son histoire. C’est l’objet de l’ouvrage Une histoire globale des sports olympiques, publié aux éditions Atlande en avril 2024.

Chacun des sports au programme des JO de 2024 fait l’objet d’un chapitre en vue d’étudier sa trajectoire olympique. Pour ce faire, l’ouvrage est organisé en trois parties. La première porte sur les sports originels et les conditions de leur sélection (athlétisme, lutte, etc.). La seconde est consacrée aux sports soumis aux aléas de l’actualisation à travers le temps, c’est-à-dire présents dans les premières éditions puis supprimés avant de réapparaitre (tennis, rugby, etc.), ou intégrés au gré de la volonté du CIO et des organisateurs au XX^e siècle (hand-ball, judo, etc.). La troisième partie s’attache pour sa part à analyser l’enjeu de modernisation de l’évènement quadriennal par l’intermédiaire des sports renouvelant le programme à partir de 1992 (badminton, triathlon, BMX, etc.). 

Davantage qu’une synthèse des travaux existants (d’ailleurs improbable pour plusieurs sports eu égard à l’absence d’études antérieures), les auteurs se sont notamment attelés à investiguer les archives des fédérations internationales comme celles du CIO.

Des premières initiatives relatives à la constitution d’un programme aux épreuves qui étayent progressivement les JO, l’olympisation des sports constitue le centre de gravité de l’ouvrage. Les critères pour être un sport olympique évoluent. Tandis que certaines fédérations refusent de céder aux exigences du CIO, d’autres s’attachent à façonner leur sport pour le rendre conforme aux attentes de l’institution olympique. Le processus d’olympisation débute donc par l’étude des modalités d’intégration au programme et se poursuit par l’engagement à s’inscrire dans le cadre normatif fixé par le CIO. Ainsi, une dépendance s’institue, conduisant à faire évoluer les formes et les usages des sports concernés, soit par l’intermédiaire d’une modification des règles, soit par le biais des épreuves, de la nature et/ou des conditions de réalisation de la performance.

Le statut olympique d’un sport l’amène par conséquent à se transformer en raison d’impératifs politiques, économiques ou médiatiques. Ceci passe notamment par la création d’une fédération internationale dont les acteurs doivent s’entendre pour définir une conception politique commune. Ce statut implique aussi de définir des règles qui le rendent attractif, au risque de bouleverser l’essence de la pratique (à l’exemple de l’escalade). De manière réciproque, les sports programmés vont également modifier l’Olympisme dans sa substance. L’affirmation du professionnalisme dans certains sports (comme le basket-ball) va ainsi amener le CIO à faire évoluer certains des principes initiaux du dogme olympique. Le succès des sports jugés face aux sports mesurés (BMX racing vs BMX freestyle) va conduire l’Olympisme à s’ouvrir à d’autres publics, à d’autres approches sportives.

L’opportunisme va également conduire à inverser certaines tendances. Le cas de l’introduction conjointe, en 1984, de la GRS et de la natation synchronisée réservées aux femmes en témoigne – car jusque-là les pratiques masculines avaient constitué un régulateur des choix en matière de disciplines et d’épreuves. Le lecteur peut dès lors mesurer que la composition du programme n’a jamais été le fruit du hasard et qu’elle est encore aujourd’hui le résultat d’un savant dosage entre rapport de forces géopolitiques, représentativité culturelle, exigences médiatiques et bénéfices économiques. 

Les 38 chapitres qui composent l’ouvrage permettent ainsi d’interroger d’une manière renouvelée les enjeux de l’Olympisme en s’attelant à son agencement sportif. De l’identité des JO façonnée par son programme aux enjeux politiques et culturels qui justifient tels ou tels choix en matière d’épreuves, en passant par les exigences olympiques déterminant les modalités d’entrainement ou l’affirmation médiatique de certains champions, l’histoire des sports olympiques est passée au peigne fin pour en saisir les ressorts comme pour esquisser ce que pourrait être l’Olympisme dans les prochaines années.